SERMON,
SVR LE PSEAVME
CXXX. Vers. 1. 2. 3. & 4.
Prononcé à Charenton au iour
du Ieusne 4. May 1645.
Par Iean Mestrezat.
.
O Eternel, ie t'inuoque des lieux
profonds
.Seigneur, escoute ma voix, que
tes oreilles soient attentiues à
la voix de mes supplications
O Eternel, si tu prens garde aux
iniquitez, Seigneur, qui est ce
qui subsistera
.
Mais il y a pardon par deuers toy,
afin que tu sois craint
Iesus, apres son Ascension
à la d'extre de
Dieu son Pere, regardant
l'estat des Eglises d'Asie plantées
par le ministere des
Apostres, dit à celle d'Ephese,
.
Et
Ie viendray à toy bien-tost,
& osteray ton chandelier de
son lieu, si tu ne te repens
.Regarde la benignité & la seuerité
de Dieu : à sçauoir la seuerité
sur ceux qui sont tresbuchez ; &
la benignité enuers toy, si tu
perseueres en sa benignité, autrement
tu seras außi coupé
.Ne vous
fiez point sur des paroles trompeuses,
disans, C'est icy le temple
de l'Eternel, le temple de l'Eternel,
le temple de l'Eternel, mais
allez en mon lieu qui estoit en
Silo, là où i'auois colloqué mon
nom du commencement, & regardez
ce que ie luy ait fait, à cause
de la malice de mon peuple Israel ;
maintenant donc pour ce
que vous faites les mesmes choses
qu'eux, dit l'Eternel, ie feray à
cette maison, sur laquelle mon
nom est reclamé, & en laquelle
vous vous fiez, & à ce lieu que
i'ay donné à vous & à vos Peres,
comme i'ay fait à Silo
Cette menace, mes Freres,
est ce qui nous conuie à nous
humilier maintenant deuant
Dieu, voyans les vices & les
pechez, par lesquels nous
auons prouoqué & prouoquons
tous les iours son courroux.
Car cheminans dans
les tenebres des vices & iniquitez
du monde, nous sommes
du tout stupides si nous
ne craignons que Dieu vienne
nous oster le chandelier duquel
nous abusons, & nous
oster la predication de sa verité
laquelle nous detenons
en injustice. Or esperons nous
de sa bonté que si nous nous
iugeons nous mesmes, c'est
à dire preuenons son courroux
par repentance, nous ne
serons pas iugez. Car Dieu est
benin, & fait, quand il punit,
vne œuure non sienne, &
ce n'est pas volontiers quand
il afflige & contriste les fils
des hommes (ainsi qu'en parle Isa. Lament. Ier. 3 33.
l'Escriture) Et pour ce qu'il
preaduertit son Eglise de ses
iugemens, afin qu'elle les preuienne
par humiliation &
amendement. Iadis donnant
Deuter. 20. 21
il auoit ordonné que
quand il s'approcheroit d'vne
ville pour la combattre il luy
presentast la paix ; conduitte
qui est l'image de la sienne,
comme les commandemens
de Dieu sont formez sur le
modele de ses actions. Car il
presẽte tousiours la paix aux
pecheurs par des richesses de
benignité, auant que de les
destruire : Sur tout il vse enuers
son Eglise de support &
de delay, en attendant qu'elle
s'amende ; mais finalement,
apres que sa parole a esté long
temps mesprisée & ses exhortatiõs
à repentãce negligées,
il vse de sa seuerité : ainsi que
Luc. 13.
la parabole du figuier, lequel
ne portant point de fruict, le
maistre voulut le couper, mais
à l'exhortation du vigneron
il attendit encore quelque année
le deschaussant & y mettant
du fumier, pour en suite
s'il ne portoit du fruit le couper.
Nous sommes, mes Freres,
ce figuier, lequel le Seigneur
a des ja diuerses fois
menacé de couper ; Nous
auons veu ce lieu mesme, qui
a esté rebasti par la misericorde
du Seigneur & la clemence
de nos Roys, auoir esté
embrasé & demoli : Et depuis
nous nous sommes trouuez
en diuers dangers, desquels la
prouidence & bonté diuine
nous a deliurez. Dieu nous a
monstré son bras esleué pour
frapper, & l'a tousiours retiré.
Or maintenant que nous
auons tout sujet de luy rendre
graces des inclinations
fauorables qu'il a mises dans
le cœur des Puissances superieures
à la paix de nos Eglises
& à leur subsistance sous
l'authorité des Edits du Roy,
& que nous en auons receu
diuers & tres-euidens témoignages
pendãt que la Regence
de cét Estat est dignement
entre les mains de la Reine
mere de nostre Roy : ce que
nous sommes humiliez deuãt
Dieu est à ce que nos pechez
ne viẽnent deuant Dieu pour
troubler nostre paix &
cette tranquilité en affliction
& aduersité. Car Dieu
qui tient les cœurs en sa main
les encline où il luy plaist. Il
y met la hayne quand il veut
chastier : comme il est dit Ps.
105.
il changea leur cœur tellement
qu'ils eurent son peuple en
hayne
. Outre cela, mesquand les voyes
de l'homme plairõt au Seigneur,
il appaisera außi ses ennemis enuers
luy
A cette humiliation & à nos
supplications nous auons iugé
conuenable ce que nous
auons leu du Ps. 130. là où le
Prophete dans les afflictions
de l'Israël de Dieu espand son
ame deuant le Seigneur par
des mouuemens d'vne profonde
tristesse & repentance,
voyant que leurs pechez
auoient allumé à l'encontre
d'eux le courroux de Dieu ;
Là où aussi il se releue par vne
sainte confiance & vn ardant
recours à la bonté de Dieu &
aux promesses de sa grace enuers
les pecheurs repentans :
qui seront les deux poincts
que nous aurons pour matiere
de nostre propos, moyennant
l'assistance de Dieu :
A sçauoir, 1. l'humiliation,
par laquelle le Prophete crie
à Dieu des lieux profonds.
2. Le recours à Dieu par esperance
en sa misericorde, &
par resolution d'amendemẽt.
Vueille le Pere celeste, deuant
la Majesté duquel nous
sommes humiliez, disposer
par son esprit nos cœurs à luy
presenter les sacrifices d'vn
cœur froissé : afin que comme
il a promis de faire grace aux
humbles & viuifier les cœurs
froissez qui recourent à sa
bonté, il nous donne de
nous presenter au throne de
sa grace, pour y trouuer grace
& misericorde, afin d'estre
aydez en temps opportun.
pas à rechercher
quelle a esté l'occasion particuliere
de ce Pseaume, ny qui
en a esté l'autheur, puisque
ni l'vn ni l'autre n'est declaré.
Il nous suffit que l'autheur a
esté vn S. Prophete de Dieu,
& qu'il semble l'auoir composé
pendant que le peuple
estoit dans la captiuité de Babylone,
comme dans vn gouffre
de maux. Partant le Prophete
disant qu'il crie à Dieu
des lieux profonds, nous considerons
deux choses en general
par les lieux profonds : La
profondeur des maux, & celle
du ressentiment qu'on en a.
Celle des maux, cõme Zach.
9. la captiuité du peuple en
Babylone est representée par
vne fosse sans eau, dãs laquelle
le peuple eust esté deualé :
aussi Ieremie en ses lamentations
pendãt cette captiuité,
disoit au nom de l'Eglise d'Israël
ch. 3.
Seigneur i'inuoque
ton nom d'vne des plus basses fosses
? Celle desô Dieu, qui
est semblable à toy, qui m'as fait
voir plusieurs destresses & maux,
& derechef tu m'as rendu la vie,
& m'as fait remonter hors des
abysmes de la terre
. Etma vie est paruenuë iusques au
sepulchre, tu m'as mis en vne
fosse des plus basses, ez lieux tenebreux,
ez lieux profonds, ta
fureur s'est jettée sur moy, & tu
m'as accablé de tous tes flots
. L'autre est IonasIl assecha
la mer rouge, & les conduisit par
les abysmes
. Or cetteTu m'as jetté au profond,
au cœur de la mer, & le courant
m'a enuironné, tous les flots
& les vagues ont paßé sur moy,
l'abysme m'a enclos tout à l'entour,
ie suis descendu iusques aux
racines des montagnes
. Et certesde
nature enfans d'ire
qui descendra en l'abysme
. Il y a encor vne profondeurmaudit est quiconque n'est
permanent en toutes les choses de
cette loy
. Carle cœur de l'homme est cauteleux
& desesperement malin par dessus
toutes choses, qui le cognoistra ?
Ie suis l'Eternel qui sonde
le cœur & esprouue les reins
Car nos maux estans profonds,
telle aussi doit estre
nostre tristesse & humiliation :
non legere & superficielle ;
mais qui occupe toutes les dimensions
du cœur. Aussi jadis
en Israël pour tesmoigner
la grandeur de la tristesse on
se iettoit en terre & se couchoit
sur la poudre & sur la
cendre : pour dire qu'on n'auoit
comme plus de vie & de
vigueur : ou plustost pour dire
qu'on meritoit d'estre reduit
en poudre & cendre. Aussi on
deschiroit ses vestemens, on
se couuroit de sacs : pour
monstrer qu'on ne pouuoit
prendre plaisir en aucun ornement,
& qu'on meritoit d'estre
despoüillé de tous biens.
Et mesmes ce qu'on jeusnoit
& s'abstenoit de viande
& de breuuage, monstroit
qu'on se jugeoit indigne de viure,
& qu'on estoit tellement
affligé, qu'on ne prenoit plus de
plaisir és choses de la chair,
& n'y auoit point d'esgard.
Ailleurs l'Escriture represente
la profondeur de la tristesse
en parlant d'espandre son
ame deuant Dieu comme de
l'eau, de rompre son cœur, &
briser son esprit, comme si nostre
ame n'auoit plus de force
& de subsistence en nous pour
la grandeur de la douleur.
Que si vous demandez pourquoy
Dieu prend plaisir en
vne si profonde tristesse ? Il y a
de cela trois raisons ; L'vne,
que le peché est vn acte d'amour
de nous mesmes, & vne
production du contentement
& plaisir que nous
prenons en la chair ; secondement
que le peché est vn
acte de force & de rebellion
contre Dieu. Il faut donc à
l'opposite du plaisir que nous
y auons pris, la tristesse & la
douleur, à ce que toute la douceur
du peché nous soit deuenuë
aluine & fiel, & à l'opposite
de la vigeur qu'il auoit
contre Dieu, il faut vn aneantissement,
à ce qu'il n'ait plus
de force dedans nous. L'autre
raison est, que Dieu estant
vne Maiesté
de son droict d'estre souuerainement
exalté, & du deuoir
de la creature d'estre dans vne
profonde humilité à son esgard :
c'est pourquoy il ne se
peut qu'il ne se plaise en l'humilité
par laquelle la creature
s'abbaisse en sa presence, &
recognoisse son neant deuant
luy. Car, si mesmes les Anges
& Seraphins qui sont exempts
de peché couurent leurs
faces en sa presence, par le
sentiment de la bassesse &
chetiueté de leur estre à l'esgard
du sien, & de la souueraine
saincteté à laquelle la
leur est infiniment inferieure :
combien plus la creature
qui à peché & qui tombe
tous les iours en faute, doit
elle estre humiliée deuant luy,
& combien doit elle auoir de
tristesse & de confusion en sa
presẽce ? Et c'est en quoy dieu
prend plaisir, entant que par
cela la creature se remet &
restablit dans l'ordre & le deuoir
duquel elle s'estoit departie
par negligẽce ou fierté.
Aussi pour expier le peché
il a falu vne humiliation extreme,
pource que le peché
auoit esté vn acte de rebellion
& de mespris contre vne
Majesté souuerainemẽt esleuée.
La nature donc de la
chose requeroit que la satisfaction
consistast en vn extreme
abbaissement : Et que le
propre Fils de Dieu, duquel
la grandeur & hautesse naturelle
rendoit son abbaissement
d'autant plus grand,
prist forme de seruiteur &
s'aneantist, se rendant obeïssant
iusques à la mort, voire
la mort de la Croix.
La troisiesme raison est,
qu'vne grieue & profonde
tristesse pour le peché, est
celle qui produit des bons
effets d'amendement & de
renoncement à nous-mesmes.
C'est elle qui nous donne la crainte de retomber au
peché & le soin d'en éuiter
les occasions, & laquelle
nous fait comme prendre vne
saincte vengeance contre
nous-mesmes, pour nous sevrer
de nos plaisirs, & reduire
nostre corps en seruitude ;
selon que l'Apostre disoit, 2.
Cor. 7.
Ce que vous auez esté
contristez selon Dieu, quel soin
a-il produit en vous ? voire quelle
satisfaction ? voire indignation,
voire crainte, voire grand
desir, voire zele, voire vengeance
Or la profonde tristesse que
nous requerons ne demeure
pas absoluëment dans l'aneantissement
(cela seroit
vne tristesse selon le monde)
mais elle regarde à Dieu &
esleue l'ame à luy, selon que
nostre Prophete dit,
.
Eternel,
ie t'inuoque des lieux profonds,
Seigneur escoute ma voix, que
tes aureilles soient attentiues à
la voix de mes supplications
. Et Iudas dans lama punition
est plus grande que ie ne
puis porter
.Seigneur ie t'inuoque
des lieux profonds, que
ton aureille soit attentiue à mes
supplications
Il parle d'inuocation & de
supplications, & neantmoins
nous ne trouuons en ce
Pseaume aucune demande
expresse, mais seulement vne
recognoissance de ses pechés,
& vn recit que le Prophete
fait de son attente & esperance
en Dieu. C'est que la
priere se prend en general
pour toute la communication
de l'ame auec Dieu, &
pour le discours par lequel
elle s'addresse à luy, ne deust-
elle que
& luy confesser ses offences,
ou que reciter ce qu'elle conçoit
des vertus de Dieu à sa
loüange & gloire. Secondement,
c'est que tout cela contient
implicitement des demandes
& des prieres. Si
nous confessons nos pechez
à Dieu, c'est que nous luy en
demandons pardon : & si nous
recitons sa puissance, sa bonté,
& la verité de ses promesses,
c'est que nous luy en
demandons l'effet à nostre
deliurance & consolation.
Car l'homme, pendant qu'il
est icy bas, est tousiours pauure
& disetteux, & tousiours
en quelque danger ou en
quelque misere, c'est pourquoy
tout ce qu'il represente
à Dieu tend tousiours à luy
demander.
Or remarquez l'ardeur &
vehemence dont le Prophete
s'esleue à Dieu, quand il parle
de cri, de voix, & de supplications,
& quand il demande
à Dieu
, & que ses
qu'il escoute
. Cette
aureilles soient attentiues
varieté de termes monstrãt
la grandeur de son émotion.
Aussi, certes, la profondeur
dont le Prophete a parlé requiert
cela. Car il faut de la
force & de la vehemẽce pour
se faire oüir du dedans d'vne
grande profondeur : Il ne faut
pas vne voix basse, mais des
cris. Comme Ionas exprime
par des cris, l'ardeur de sa
priere dans le ventre du poisson :
car ils ne consistoient
point en des paroles qu'il
proferast, mais en des vehementes
conceptions de son
ame.
. Dieu prend plaisir
I'aycrié à l'Eternel,
à cause de ma detresse, & il
m'a exaucé : Ie me suis escrié du
ventre du sepulchre, & tu as oüy
ma voix
. Et comme les gruës,Eternel i'esleue mon
ame à toy
Mais comme le Prophete
demande à Dieu qu'il escoute
sa voix, & ait ses aureilles
attentiues à ses supplicatiõs :
Voicy vne objection & comme
vne réponce ou repartie
que son esprit se fait de la part
de Dieu ; Tu veux que i'escoute
ta voix, & tu n'as point
la mienne : tu veux que mes
aureilles soient attentiues à
tes supplications, & les tiennes
ont esté sourdes à mes
commandemens, & à mes exhortations ;
Tu as escouté la
voix du monde, & de ses conuoitises :
tu as dõné ton cœur
aux choses de la chair & de sa
corruption ; tu n'as donc rien
à attendre de moy. Sur cette
objection que la conscience
du Prophete luy faisoit interieurement,
que replique-t'il ?
denie-il son peché, ou le couure,
& l'extenuë-il comme
Adam ? Non. Il passe condamnation,
& dit,
?
Eternel si
tu prens garde aux iniquitez,
Seigneur qui est-ce qui subsistera
. Et Ps. 51.Seigneur n'entre point en Iugement:
auec ton seruiteurCar
nul viuant ne sera justifié en ta
presence
. Etie recognois
mes transgreßions, & mon peché
est continuellement deuant moy,
j'ay peché contre toy, & fait ce
qui est desplaisant deuant tes
yeux, de sorte que tu seras trouué
juste quand tu me condamneras,
& pur quand tu me iugeras
.n'aye point souuenance de
mes pechez ny de mes transgressions:
Mais pour l'amour de ton
nom pardonne moy mon iniquité,
encor qu'elle soit grande
Ie feray confeßion de mes pechez
à l'Eternel
Recherchons nos voyes
& les sondons, & montons iusques
à l'Eternel, disan, nous
auons peché, nous auons commis
iniquité
. TandisVrayement nous sommes coulpablesGenes.42.
touchant nostre frere : car
nous auons veu l'angoisse de son
ame quand il nous demandoit
grace, & ne l'auons point exaucé,
au moyen dequoy cette angoisse
nous est aduenue
. En cela nous sommesL'Eternel
est juste, car ie me suis rebellée
contre luy
Eternel si tu prens garde.
aux iniquités, &c
Il ne dit pas simplement,
si tu prens garde aux pechez,
mais aux iniquitez. Or iniquité,
emporte vne action
peruerse & malicieuse, pour
vous monstrer que la vraye
repentance pese la grieueté
des offenses, & les qualifie de
tiltres les plus odieux. Ainsi
Dauid Ps. 32. les appelle
pechez, transgreßions, iniquitez :
& Ps. 51.
forfaits, & les
considere comme des noirceurs
en son ame, dont il a
besoin d'estre laué tãt & plus,
& comme vne lepre vilaine,
en disant
,
purge moy auec hyssope
car l'hyssope estoit selon la
loy employé en la purification
du lepreux. Et quant
au nombre, il parle en pluriel
d'iniquitez : Aussi Esdras en sa
confession dit,
. En somme
Nos iniquitez
sont multipliées pardessus la
teste, & nostre coulpe est accreuë
iusqu'aux Cieux
.Si tu prens garde aux iniquitez
qui est-ce qui subsistera
Le mot qu'il employe en
sa langue signifie garder ; &
par fois obseruer & prendre
garde : Si vous le prenez en la
Dieu gardera la violence du: & ch.
meschant à ses enfans
mes forfaits sont cachetez
comme en vne bougette, & tu as
cousu ensemble mes iniquitez
. Mais il s'agit d'vne obseruationEternel tu m'as sondé
& cognu, tu cognois quand ie
m'aßieds & quand ie me leue,
tu apperçois de loin ma pensée,
& deuant que la parole soit sur
la langue tu cognois desia le tout.
Si i'ay dit, au moins les tenebres
me couuriront, voilà la nuict
seruira de lumiere à l'entour de
moy
.l'Eternel est au
palais de sa saincteté, l'Eternel
a son throsne ez Cieux, & ses
yeux contemplent & ses paupieres
sondent les fils des hommes,
l'Eternel sonde le juste & le méchant,
& son ame haït celuy qui
ayme extorsion. Il fera pleuuoir
sur les meschans des laqs, feu &
souffre & vent de tempeste sera
la portion de leur breuuage, car
l'Eternel juste ayme justice, sa
face regarde le droicturier
? Et quandAdam où es tu ? n'as tu pas
mangé de l'arbre dont ie t'auois
deffendu de manger
. Il l'aprend de touteoù est Abel ton?
frere, qu'as tu faitla voix du
sang de ton frere crie de la terre
vers moy
. Il prend aussi cettel'Eternel vit la malice
des hommes estre tres-grande
sur la terre, & dit, ie racleray
de dessus la terre les hommes que
j'ay creez
.Tu as mis deuant toy
nos iniquitez, & deuant la clarté
de ta face nos fautes cachees
. Et là parce que sonNostre
Dieu viendra & ne se tiẽdra plus
coy : Il y aura deuant luy vn feu
deuorant, & à l'entour de luy vne
forte tẽpeste, il apellera les Cieux
d'en haut & la terre pour juger
son peuple
. Enqu'as tu que faire de?
reciter mes statuts, & de prendre
mon alliance en ta bouche,
veu que tu hais correction, & as
jetté mes paroles derriere toy:
si tu vois vn larron, tu cours
auec luyta portion est auec les:
adulterestu lasches ta bouche
à mal, & par ta langue tu brasses
fraude : tu te sieds & parles contre
ton frere, & mets blasme sur
le fils de ta mere : tu as fait ces
choses, & pource que ie m'en suis
teu tu as estimé que veritablement
ie fusse comme toy. Ie t'en
redargueray, & deduiray le tout
par ordre en ta presence
.tu l'as fait en cachete, mais(dit-
il, touchant la punition)moy
ie feray cette chose icy à descouuert,
en la presence du Soleil, &
en la presence de tout Israël
Or Dieu se seant en son tribunal
pour juger, y examine
nos actions en deux façons, à
sçauoir ou selon la rigueur de
la loy, & en son ire ; ou selon
sa grace & misericorde. Selon
la rigueur de la loy (qui
est le droict de la souueraine
justice de Dieu ; en laquelle
il examine l'homme tel qu'il
est en soy) nul homme ne
peut subsister deuant luy,
puisque nul n'est exempt de
peché, & que la loy prononce
absoluëmẽt malediction contre
le pecheur : qui est-ce que
l'Apostre pose Gal. 3.
tous
ceux
ceux qui sont des œuures de la
loy
.ce que la loy dit, elle le dit à ceux
qui sont sous la loy, afin que toute
bouche soit fermée & que tout
le monde soit coulpable deuant
Dieu : par-quoy nulle chair ne
sera iustifiée deuant Dieu par les
œuures de la loy : Car par la loy
est donnée cognoissance du peché
Or remarquez ces mots,
qui est-ce qui subsistera?
Car ils
ont quelque chose de plus
expres que si le Prophete eust
dit simplement,
nul ne pourra
subsister
Enseignement notable,
d'autant que nous viuons
sans examiner nostre conscience,
& sans faire reflectiõ
de nos actions à nostre comparution
deuant le tribunal
de Dieu. A raison dequoy Salomon
Ecles. 12. dit,
.
Toy qui
chemines selon que ton cœur
te meine, & selon le desir de tes
yeux, sçaches que pour ces choses
Dieu t'amenera en iugement
Voy donc, ô fidele, quel
est ton cœur enuers Dieu, &
quel a esté tout le cours de ta
vie. Voy l'vne & l'autre table
de la loy. En la premiere, si tu
n'as point manqué és deuoirs
de pieté, si tu ne t'es point
defié de la grace de Dieu & de
ses promesses, ou plustost
combien tu as peché par incredulité,
combien tu as meslé
l'amour du monde parmy
celuy que tu deuois à Dieu, &
combien tu as mis les craintes
des hommes au dessus de
celle de Dieu. Et icy tu verras
combien tu es loin d'auoir
aimé Dieu de tout ton cœur,
de tout ton entendement &
de toute
table, examine combien
souuent il y a eu en ton
cœur de la haine, que l'Escriture
dit estre vn meurtre deuant
Dieu : en tes mœurs &
en tes actions combien d'auarice
& d'injustice, en tes paroles
combien de mensonge,
& en tes pensées & affections
combien de déreglement.
Voy combien tu as defailly à
l'assistance que tu deuois au
pauure, & as esté infidele dispensateur
des biens que Dieu
t'auoit commis, ce qui est vn
larcin deuãt luy. Voy si ta pureté
a esté telle que mesmes
tu ayes eu en haine la robbe
soüillée de la chair. Et pour
recognoistre combien sous
l'Euangile nous sommes éloignez
de la perfection, & dire
auec l'Apostre Philip. 3.
,
Ie
ne me repute point estre déjà accomply
. Or ces termesqui est celuy
qui cognoist ses fautes commises
par erreur ? purge moy des fautes
cachées, & des fautes commises
par fierté
? defiansqui
est-ce qui subsistera
, là où cesSeigneur n'entre
point en iugement auec ton
seruiteur, car nul viuant ne sera
justifié en ta presence
, designentauec ton seruiteur
. Et sous le nouueauI'ay dit, ie feray
confeßion de mes pechez à l'Eternel,
& il a osté la peine demone mon
peché
.Si nous disons que
nous n'auons point de peché, nous
nous seduisons nous-mesmes &1. Ieh.ch. 1
verité n'est point en nous : si
nous confessons nos pechez,
Dieu est fidele & iuste pour
nous pardonner nos pechez,
& nous nettoyer de toute iniquité
Prophete recourt au
throne de grace, disant,
. En quoy il y a
Il y
a pardon par deuers toy afin que
tu sois craint
.
Il y a pardon deuers toy
La misericorde diuine à pardonner
aux pecheurs repentans,
est vne proprieté qui resulte
de sa nature toute bonne
& toute encline à bien faire
à sa creature : laquelle proprieté
a esté manifestée depuis
que l'homme eût peché,
par le support duquel Dieu a
vsé enuers luy, & par les richesses
de sa benignité, de sa Rom. ch. 2.
patience & longue attente,
par lesquelles il inuite les
hommes à repentance. C'est
pourquoy les nations mesmes
que Dieu n'auoit pas esclairées
de sa cognoissance, ont
fait profession d'implorer la
misericorde & le pardon de la
Diuinité. Mais l'alliance de
grace, qui auoit esté traictée
auec Abrahã en Iesus-Christ,
reueloit à plein, & promettoit
expressement misericorde
& grace aux pecheurs repentans.
Là Dieu témoigne
auec serment qu'il ne veut
point la mort du pecheur,
Ezech. 33.
qu'il viue : là il declare qu'il a
pour sacrifices agreables le
cœur froissé & brisé ; & que
Ps. 51.
Es. 1.
seront blanchis comme la
neige, moyẽnant qu'on cesse
de mal faire, & apprenne à
biẽ faire. Là il declare qu'autant
Ps. 103.
par dessus la terre, autant
est grande sa bonté sur ceux
qui le reuerent, qu'il a esloigné
d'eux leurs forfaits, autãt
que l'Orient est esloigné de
l'Occident ; que de telle compassion
qu'vn Pere est esmeu
enuers ses enfans, de telle
compassion est esmeu l'Eternel
enuers ceux qui le craignent.
C'est donc là dessus
que le Prophete se fõde maintenant,
quand il dit,
.
Il y a
pardon pardeuers toy
. C'est ce fondementEn cela est manifestée la charité
de Dieu enuers nous, non point
que nous ayons aymé Dieu, mais
que luy nous a aymez & a donné
son fils, pour estre propitiation
pour nos pechez
. Car là où leCette
parole est certaine que Iesus-
Christ est venu au monde pour
Rom. 5.sauuer les pecheurs, desquels ie
suis le premier
. Etqui est-ce qui condamnera ?Rom.8.
Christ est celuy qui est mort
c'est par foy afin que ce
soit par grace
Seigneur si tu prens garde auxini-
iniquitez qui subsistera?mais il
y a pardon pardeuers toy
Or la foy en regardant le
pardon en embrasse aussi la
condition, à sçauoir de delaisser
ses pechez & se conuertir
à Dieu, pour le craindre & le
seruir, selon que dit icy le
Prophete, Il y a pardon par-
deuers toy,
, Car la crainte de Dieu
afin que tu sois
craint
. Pourtant Salomonpar la
crainte de l'Eternel on se détourne
du mal
, Prouerb. 8.hair le mal
,la crainte
de l'Eternel est de hair le mal
la
crainte de l'Eternel est la sapiance,
& se détourner du mal est intelligence
.crain
Dieu & garde ses commandemens,
car c'est le tout de l'homme
Les
mandemens de l'Eternel sont
droits, le commandement de
l'Eternel est pur, la crainte
de l'Eternel est nette demeurante
à perpetuité
.qui confesse ses pechez & les
delaisse obtiendra misericorde
lauez-vous,
nettoyez-vous, ostez de deuant
mes yeux la malice de vos actiõs,
cessez de mal-faire, apprenez à
bien-faire, recherchez droicture,
redressez celuy qui est foulé, faites
droit à l'orphelin, debattez la
cause de la vefue
: & chap. 58.quand vous estendrez vos
mains, ie cacheray mes yeux arriere
de vous, mesme quand vous
multiplierez vos requestes ie ne
les exauceray point
.Est-ce là le jeusne que i'ay choisi,?
que l'homme afflige son ame vn
iourest-ce en courbant la teste?
comme le, & estendant le jong jonc
sac & la cendreappelleras-tu?
cela jeusne & iour acceptable à
l'Eterneln'est-ce pas icy plustost
le jeusne que i'ay choisi, que
tu dénouës les liens de méchanceté,
que tu rompes de ton pain à
celuy qui a faim, & que tu faßes
venir en ta maison les affligez
qui sont en pauure estat, quand
tu vois celuy qui est nud que tu le
couures, & que tu ne te caches
point arriere de ta chair, adonc
ta lumiere s'esleuera comme
l'aube du iour, & ta guerison
germera incontinent, ta iustice
ira deuant toy, & la gloire de
l'Eternel sera ton arriere-garde
Or remarquez ce mot [Afin
] lequel
nous apprend que le but
de Dieu en l'exercice & dispensation
de sa grace à pardonner,
est nostre amendement
& sanctification. Et cela
estant, comment pouuons
nous obtenir pardon si nous
ne tendons à son but & n'y
rapportons toutes nos resolutions ?
Certes, la saincteté
estant de la nature de Dieu,
s'il nous reçoit à mercy, il
faut que ce soit pour nous
rendre participans de son
image en justice & saincteté.
Il se renieroit soy-mesme s'il
acquiesçoit à l'estat des vices
& pechez de l'homme. De
sorte que c'est par vne necessité
indispensable que Dieu
requiert que le pecheur qui
reçoit grace & pardon s'estudie
à craindre & à cheminer
en ses commandemens. Aussi
c'est à quoy se termine toute
l'œuure de nostre redemptiõ,
à sçauoir de nous rendre
saints & purs deuant Dieu :
selon que l'Escriture nous dit
Tit. 2.
.
Et Eph. 5.
Iesus-Christ s'est donné
soy mesme pour nous, afin qu'il
. S. Pierre auIl a aimé l'Eglise & s'est donné
soy-mesme pour elle, afin qu'il
la sanctifiast, l'ayant nettoyée
aud'eau par la parole, l'auement lauement
& qu'il se la rendist vne Eglise
glorieuse, n'ayant tache ny ride
ny autre chose
Il a porté nos pechez
en son corps sur le bois, afin
que mourans au peché, nous viuions
à justice
, ne recognoissant lesi nous cheminons
en lumiere comme Dieu est lumiere,
nous auons communion
auec luy, & le sang de son fils
Iesus-Christ nous purge de tout
peché
] apprenonsafin que tu sois craint
.Si, dit-il, vous inuoquez
pour Pere celuy qui sans
auoir esgard à l'apparence des
personnes, iuge selon l'œuure
d'vn chacun, conuersez en crainte
durãt le temps de vostre sejour
temporel, sçachans que vous
auez estez racheptez de vostre
vaine conuersion qui nous auoit
esté enseignee par vos Peres, non
point par choses corruptibles,
comme par or ou par argent,
mais par le precieux sang de
Christ comme de l'agneau sanssans macule & sans tache
ce propos.
Le Prophete tant pour soy
que pour toute l'Eglise de
son temps crioit à Dieu des
lieux profonds, Entrons en
nos consciences, mes Freres,
pour voir s'il y a vne telle tristesse
d'auoir offensé Dieu
que le Prophete l'a proposée,
à sçauoir non legere & superficielle
qui est sans fruit, mais
profonde & efficacieuse. Sentons
donc, sentons nos pechez,
afin que nous n'en sentions
les peines : gemissons
pour nos offenses, afin que
nous ne gemissions pour nos
calamitez. Voyons combien
nous auons entassé de pechez
& d'offenses les vnes sur les
autres, afin que la hauteur &
profondeur nous en estonne,
& que de là dedans comme
de dedans vn abysme profond
nous nous escriions à
Dieu. Ne regardons pas à
la subsistence que Dieu nous
donne, & à l'estat de paix &
de tranquilité dans lequel
nous nous trouuons par son
support : Mais à ce que nous
meriterions de sa iustice & de
son courroux, aussi bien que
plusieurs Eglises effectiuement
destruittes & desolées,
ou miserablement troublées,
& nous verrons vn gouffre
de calamitez dont il faudra
que nous criions à Dieu. Et
pour nous joindre icy à l'interest
de nos concitoyens,
quand nous voyons les profondes
ruïnes dans lesquelles
sont tombez par la guerre
tant d'Estats estrangers auparauant
tres-florissans : ne
deuons nous pas reconnoistre
en leur calamité, celle
en laquelle nous eussions
pû nous trouuer, si Dieu
n'eust par sa grande bonté
frustré le dessein des ennemis
de cét Estat, & n'eust
maintenu & beny la Couronne
de nostre Roy ? Et au
regard d'vn chacun de nous,
mes Freres, voyans les miseres
& ruines où sont tombées
plusieurs familles particulieres
qui n'estoient point
plus coulpables que les nostres,
gemissons à Dieu de la
profonde misere où nous serions,
si Dieu ne nous eust espargnez ;
Et ne doutons point
que Dieu prepare encor diuerses
fosses profondes de
maux pour nous y faire
cheoir, si nous ne nous amendons ;
Nous souuenans des
propos de Iesus-Christ touchant
les Galileens, dont
Pilate auoit meslé le sang
auec les sacrifices, & touchant
les 18. personnes sur
lesquelles estoit tombée la
Tour de Siloé.
.
Pensez-vous
dit-il,que ceux-là eussent offensé
plus que les autres ? non, vous
dis-ie : Mais si vous ne vous
amendez, vous perirez tous
semblablement
Que nos cris ne soient pas
simplement ceux que la nature
extorque des hommes
en leurs maux ; mais ceux
que la pieté & la vraye repentance
pousse vers le Ciel par
le desplaisir d'auoir peché &
irrité le Seigneur. Que ce
soient des cris d'vne inuocation
religieuse que la foy
produise en nous ; pour recourir
à celuy mesmes qui
nous menace, & implorer sa
grace & son esprit à nostre
amendement & conuersion :
afin qu'à la profondeur de
nostre corruption, il oppose
la profondeur de sa vertu &
de ses compassions à nostre
sanctification & consolation.
Et cependant recueillons
des paroles de nostre Prophete
cette consolation,
qu'encor que le throne de
Dieu soit infiniment esleué
au dessus de nous, il n'y
a rien de si profond en la
terre en miseres, d'où nos
prieres & nos soupirs ne
montent à luy : Fussions nous
dedans le fonds de la mer &
du ventre de la Baleine comme
Ionas : ou dans les profondes
cauernes de la terre
comme Dauid pendant la
persecution de Saül : ou en la
fosse des lyons comme Daniel ;
ou au fonds des prisons
comme Paul & Silas en la
ville de Philippes, nos gemissemens
& nos cris paruiendront
à Dieu & seront
ouys au throne de sa grace :
A ce que nous experimentons
ce que dit l Apostre
Rom. 8.
. Et qu'il y
que ni hautesse ni profondeur
ne nous pourra separer
de la dilection qu'il nous a monstrée
en I
,de la dilection de Christ,
laquelle surpasse tout entendement
Et pour presenter nos prieres
deuant le throne de sa
Majesté, souuenons-nous de
commencer par la recognoissance
& la confession qu'à
faite icy nostre Prophete,
?
Si tu prens garde aux iniquitez
Seigneur qui est-ce qui subsistera
ô Dieu sois
propice à moy qui suis pecheur
. Les fideles Ps. 106.Mon Dieu
i'ay honte, & suis trop confus
pour esleuer ma face vers toy.
Car nos iniquitez sont multipliées
par dessus la teste, & nostre
coulpe est accreuë iusqu'aux
Cieux
. C'est ce qu'ilNous auons pechénos Peres, nous auons fait uec auec
iniquement, nous auons meschamment
fait. Nos Peres n'ont
pointesté attentifs à tes merueilles
en Egypte, Ils n'ont eu
souuenance de la multitude de
tes gratuitez
I'aduoüe qu'il y a nombre
de bonnes ames parmy nous
qui gemissent à Dieu, & desquelles
la pieté & l'integrité
luy est agreable : aussi sont-ce
elles qui arrestent son bras :
Mais i'ay à dire deux choses.
L'vne qu'encor celles là ont
des defauts dont elles doiuent
gemir & tascher de se
corriger : & l'autre, que le
nombre de ces personnes-là
est petit, & qu'il ne va pas
croissant.
Mais puis qu'ainsi est qu'il
y a pardon pardeuers Dieu
afin qu'il soit craint, voyons
si nous auons le dessein de le
craindre, & d'arrester le
cours de nos offenses & iniquitez
pour y renoncer dés
ce moment, afin de cheminer
en pieté, iustice & saincteté.
Examinons si dés à
present nous voulons mettre
sous les pieds tous nos interests
mondains pour glorifier
Dieu par toutes nos actions
& rechercher son Royaume
& sa iustice, & si nous
rejetter tous nos plaisirs
charnels, ayans deuant nos
yeux l'excellence de la vocation
de Dieu, & les richesses
de la gloire de son heritage
en ses Saints. Examinons
si nous voulons changer nostre
injustice en droicture &
équité, nostre auarice en
charité & beneficence : nos
haines, envies, & mesdisances,
en dilection & bienveillance ;
nos excés en temperance.
En somme, si nous
voulons viure en ce present
siecle sobrement, justement
& religieusement.
Si ainsi est, mes Freres,
nous experimẽterons qu'il y
a pardon pardeuers Dieu,
voire tant & plus de grace &
de pardon. Dieu ratifiera
dans le Ciel vostre pardon
ainsi que nous vous l'annonçons
aujourd'huy en son
nom, & les Anges s'éjoüiront
de nostre conuersion.
Le Pere celeste ouurira les
bras de ses compassions pour
nous receuoir à mercy, &
pour estendre sur nous ses
benedictions & nous couurir
de sa protection ; Icy nous
verrons que quand nos pechez
seroient montez iusques
au Ciel, sa gratuité est encore
au dessus. Iesus-Christ nostre
mediateur se presentera pour
nous à la bresche de l'ire de
Dieu auec le sang de l'alliance,
& nous obtiendra toute
grace par son intercession.
Ce Fils de Dieu nous reconnoistra
pour les membres sacrez
de son corps, & Dieu
nous aura agreables en ce
bien-aimé. Ainsi nous subsisterons
par le merite de
Iesus-Christ, & toutes choses
desormais nous ayderont en
bien : Nous serons esclairez
des gracieux rayons de la
face de Dieu en tout nostre
besoin ; sa prouidence admirable
resplendira sur nous
en deliurances, & l'esprit de
sa grace remplira nos cœurs
de consolation, iusqu'à ce
que finalement il nous esleue
en son Paradis pour estre rassasiez
de joye en la contemplation
de sa face, & joüir
dextre pour iamais. Ainsi
soit-il.