Exord Chers freres, dans l'hom͂e qui est vn microcosme cet à dire vn petit monde,
Dieu qui en est le souuerain architect & le batisseur pour sa conduitte & son
gouuernement y à establi vne superiorité & vne inferiorité aussi bien en
son ame qu'en son cors, ie dis premierement en son ame, de la vient qu'on y
remarque des facultés tout affait rauissantes & admirables, dont les vnes
sont superieures assauoir lintellect & la volonté, les autres inferieures
com͂e sont de cette nature toutes celles qui se rapportent à la faculté
concupissible & à l'irassible, ie dis aussi en son cors, de la vient qu'il y à
attaché des membres dont les vns sont pour donner & les autres pour
resseuoir, certes mes freres il est bien necessaire qu'il se rencontre en lhom͂e
vn ordre de cette nature aussi bien en son cors qu'en son ame pour sa conseruation,
& il est bien constant que autant que l'hom͂e subsiste il est conserué
en son estre, mais citost qu'il arriue quelque solution de continuité, au
moment les maladies lassaillent, & enfin il passe par le chemin com͂un de toute
la terre qui est la mort, Freres bienaimés ce que ie dis de l'hom͂e ce petit
monde, ie le puis dire en vn bon sens de ce grand monde ce grand & ce
vaste vniuers en effet vous voyés que Dieu y à mis & plassé plusieurs
estats, ou cet qu'il y paroit vne superiorité & vne inferiorité, se qui se voit
tout premierement en lestat Ecclesiastique, ou cet qu'il à establi des pasteurs
pour la conduitte des peuples, & ou cet que les peuples sont conduits aux
exercices relligieux & de pieté, En aprés en lestat oeconomique, on y voit des
peres & des meres, qui ont vn soin tout particulier de leurs familles, & des domestiques
qui sont les obiects de leurs soins de leur conduitte, Et enfin dans
lestat politique, on y voit aussi des puissances superieures, & des suiets qui
sont obligés de leur rendre obeissance, que toute personne dit l'Apostre soit
suiette aux puissances superieures, car il n'est point de puissance sinon de par
Dieu, & les puissances qui sont en estat sont ordonneés de Dieu, parquoy qui
resiste à la puissance, resiste à lordonnance de Dieu, & ceus qui y resistent
feront venir condannation sur eux mesmes, Chers freres cet la mesme exortation
du bienheureux Saint Pierre, cet le mesme precepte, com͂e vous
lapprenés du texte que iay en main & que iay emprunté pour faire le suiet
de mon action, ou cet que vous lentendés qui sexprime de la sorte & qui tient
ce considerable langage, Honnorés le Roy.
La Liaison. Dans le verset qui precede ces paroles, ie remarque mes freres que ce grand
Apostre auoit desia adressé vne preignante exortation aux fidelles à ce qu'ils
fussent libres, non point com͂e ayant la liberté pour couuerture de malice, mais
com͂e seruiteurs de Dieu, il les auoit puissam͂ent exorté de porter hoñeur à tous
daimer fraternité & de craindre Dieu & maintenant pour la liaison de son discour
il aiouste enfin cette expression & il sescrie, Honnorés le Roy.
Vous voyés donc chers freres auec combien de raison ie vous exposerai auiourd'huy
ces belles & rauissantes paroles du bienheureux Saint Pierre, ie le feray auec dautant
plus de suiet que iy suis obligé par l'heureuse venue de leur Altesse Serenissime,
& à vous exorter à mesme tems à la soumission & à lobeissance que vous
deués à vne si grande & glorieuse Princesse, que Dieu nous à donné en sa
grace & en sa misericorde, escoutés donc ie vous en prie lexortation du bienheureux
Saint Pierre, prattiqués ce salutaire conseil, ensuiués ce precepte
Honnorés le Roy.
La partitiõ Dans l'exposition de ces paroles chers freres pour y proceder auec ordre, i'y
pourrois remarquer tout premierement vn deuoir ou bien vn com͂andement, dans le
deuoir pour lordre i'y pourrois faire voir ces circonstances suiuantes, la premiere
qui est celuy qui est obligé de rendre ce deuoir, la seconde qui est celuy auquel il
le doit rendre assauoir l'honneur, la troisiesme qui sont ceus qui le doiuent rendre
assauoir tous les hom͂es, & finalement la derniere à qui cet qu'ils sont obligés
de le rendre assauoir au Roy, mais pour vne plus grande lumiere ie me propose
de laisser cet ordre pour ensuiure vn autre, qui vous fera encore mieux comprendre
le dire du bienheureux Saint Pierre, Honnorés le Roy.
Premieremẽt
ce qu'il faut
entendre par
le mot de
Roy. Et pour cet effet remarqués ie vous en prie qu'elle est sa pensée, ou ce qu'il veut
entendre par cette expression de Roy, assauoir tous ceus qui sont par dessus-
nous, qui sont esleués dans les charges, les honneurs & les dignités dans lestat
democratique & Aristocratique, il y à com͂e vous le saués plusieurs persoñes
qui sont esleuées sur le trosne, qui president, mais dans lestat monarchique il
est constant qu'il ny en à qu'un duquel tous les autres releuent, & cette personne
à plusieurs noms selon diuers respects, com͂e celuy d'Empereur, de Roy, de Prince,
de Duc, de Conte & autres, icy mes freres lApostre vous enioint, que vous defferiés
l'hoñeur à toutes ces personnes, mais principalement en lestat monarchique,
il demande que vous honnoriés celuy à qui Dieu à donné lempire et la puissance
sur ses suiets, com͂e aussi ceus qui sont ses officiers establis pour gouuerner lestat,
cet ce qu'il à voulu dire vn peu au parauant les paroles du texte, Rendes vous
donc suiets à tout ordre humain pour lamour de Dieu, soit au Roy com͂e à celuy
qui est par dessus tous les autres, soit aus gouuerneurs, com͂e à ceus qui sont enuoyés
de par luy pour exercer vengeance sur les malfaiteurs & à la louange de
ceus qui font bien.
En aprés par
le mot hoñorer. Mais mes freres afin que ie mareste à la personne superieure qui est par dessus
nous, l'Apostre exige de vous que vous l'honnoriés, cet à dire que vous luy rendiés
tous les deuoirs que tous les fidelles suiets sont obligés de rendre aux puissances
superieures, & cet la ce que emporte cette signification de ce mot hoñorer duquel
se sert l'Apostre, cependant remarqués que les deuoirs que vous deués à la persoñe
superieure sont plusieurs, mais entre autres les suiuants, lamour, la reuerance,
la subiection, & lobeissãce, le payement des debts, les supplications, & les prieres à
Dieu pour la conseruation de son illustrissime persoñe.
Ce que
lon
doit au prince
Premierement
lamour. Je dis mes freres que vous luy deués tout premierement lamour afin que vous l'honoriés
le Roy, & ce à cause du prochain, suiuant ce que vous lenioint la loy, que
vous aimiés vostre prochain com͂e vous mesmes, & en effet si tous les hom͂es sont
vos prochains, combien plus ne le seront pas vos princes, qui dans le Saint diuain
com͂andement sont qualifiés du nom de pere, qu'ainsi vous soyés auertis de vostre
deuoir qui est de les aimer com͂e vos peres, Vous deués com͂e vous le saués aimer
limage de Dieu, lequel image est en tous hom͂es, qui sont creés à son image, & com͂ent
donc ne seriés vous pas plus obligés daimer vos princes, qui en consideration de
limage com͂un à tous les fils d'Adam en portent vn particulier empreint sur leurs
faces, qui leur fait porter le nom mesme de Dieux, Jay dit dit le Prophete vous
estes dieux & les enfants du souuerain, Rendés dit le fils de Dieu les choses qui
sont à Cesar, & à Dieu celles qui sont à Dieu.
En aprés la
reuerãce. Freres bienaimés, cet image ce titre si releué de Dieu qu'ils portent, & duquel ils
sont qualifiés, ne vous doit il pas aussi porter à les auoir en reuerance, ouy cet
ce que vous deués prattiquer de cœur & daffection, cet ce que vous deués ensuiure
par paroles & par oeuures, & defait si par malheur vous en veniés iusques la que
de les mespriser, ie vous ose bien dire qu'en leurs persoñes vous mespriseriés Dieu
mesme, que vous en prendriés à cette souueraine maiesté de Dieu, de la vient
que luy mesme deffend expressement de mesdire de ces persoñes si saccreés,
Tu ne mesdiras point dit il dans lexode des iuges, & ne maudiras point le Prince
de ton peuple, & parce que plusieurs sabusent simaginants qu'ils en peuuent parler
en mal en cachette, sans que ces grands en puissent auoir aucune coñoissance, que
fait le sage, il nous auertit de ne nous point flatter dans ce rencontre, Ne dis point
mal du Roy dit il, non pas mesme en ta pensée, car les oiseaux des cieux en porteroyẽt
la voix & ce qui vole en porteroit les nouuelles, mais encore que cela seroit caché
entre les hom͂es, si estce que Dieu auquel toutes choses sont coñues, ne manqueroit
pas den prendre vengeance de cette iniure en la persoñe de ces grands Monarques
que lon doit hoñorer, suiuant ce que lenioint icy le bienheureux Saint Pierre
Honnorés le Roy.
Pour vn
troisiesme
la subiectiõ Que si freres bienaimés vous deués ainsi la reuerance au souuerain, à cette Serenissime
Princesse, ne puis ie pas aussi dire que vous luy deués la soumission
& lobeissance, que cet de vostre legitime deuoir de la luy rendre, Saint Paul
aux Romains nous en parle, quand il dit que celuy qui resiste à la puissance
resiste à lordoñance, & que ceus qui y resistent feront venir condañation sur
eux mesmes cet aussi la lesson que ce mesme Apostre donnoit à son disciple
Tite, quand il luy enioignit damonester le peuple, à ce qu'ils soyent suiets aux
principautés & puissances, à ce qu'ils obeissent aux Gouuerneurs, à ce qu'ils soyẽt
prets à toute boñe oeuure, Il faut mes freres que la crainte accompagne cette soumission
ou subiection, & elle est fondée sur deus raisons fort preignantes, qui sont
dun grand poids qui meritent bien destre considereés, assauoir en la puissance qu'ont
ces souuerains de Dieu de punir & chastier les rebelles & les desobeissants, le Prince
dit l'Apostre est seruiteur de Dieu pour ton bien, mais si tu fais mal crain le dautant
qu'il ne porte point lespée sans cause, car il est seruiteur de Dieu ordoñé pour
faire iustice en ire de celuy qui fait mal, de plus cette crainte que doiuent auoir les
hom͂es de leur souuerain elle est fondée sur le com͂andement de Dieu qui demandent
qu'ils leur rendent obeissance, & se presentent à eux auec la soumission qu'ils sont
obligés, & cet la iudicieuse remarque qu'en fait nostre Apostre en cette preignante
exortation, Rendés vous donc suiets dit il à tout ordre humain pour lamour de
Dieu, soit au Roy com͂e à celuy qui est par dessus les autres, mais que dis ie l'Apostre
aux Romains ne dit il pas que mesme il y faut estre suiets pour la conscience,
sans doutte com͂e sil vouloit dire, ô hom͂es encore bien que vous puissies euiter la
peine du souuerain, les chastiments qu'il inflige, ô si estce que vostre conscience
vous condanne deuant vostre Dieu, elle doit estre capable de vous faire prendre
soigneusement garde doffencer ceus que Dieu à establi vos superieurs, qu'il à mis
sur le trosne, & ausquels il à doñé toute puissance.
Chers Freres l'Apostre Saint Pierre donne ce salutaire conseil aux seruiteurs, il
les exorte destre suiets en toute crainte à leurs maistres, non seulement aus bons &
equitables, mais aussi aux facheux, que si ô fidelles cela est iuste & sil à lieu,
hâ combien plus vous deués vous tesmoigner vostre obeissance aux Princes qui
sont pieux, combien plus la deués vous faire paroistre à ceus desquels vous deués
estre les seruiteurs & les suiets, ouy sachés que vous estes obligés de leur obeir au
Seigneur, & que autant qu'ils vous prescriront de choses, qui saccordent à la volonté
de Dieu, cet de vostre legitime deuoir de les effectuer auec toute la promptitude
possible.
Pour vn quatriesme
leur
rendre ce qui
leur est d'heu
! Mais maintenant mes freres, vous ayant parlé de ce deuoir que vous deués à
vostre souuerain, ie men vay vous entretenir
dun autre, que vous estes encore
obligés de luy rendre, ce deuoir consiste en ce que vous luy rendiés ce qui luy est
d'heu, & en effet cet cet enseignement que nous donne l'Apostre dans le
13. des Romains, quand parlant du deuoir des Chrestiens enuers les magistrats il leur tenoit
ce langage, pour cette cause aussj payés vous les tributs, dautant qu'ils sont ministres
de Dieu
semployants à cela, mais quel tesmoignage plus efficacieux pourois
ie mettre en auant, pour prouuer que vous y estes obligés, que celuy du fils de
Dieu contenu en cette rauissante responce qu'il donna aux disciples des pharisiens
qui luy demanderent
sil estoit loisible de payer le tribut à Cesar ou non, Rendés
leur dit il à Cesar ce qui est à Cesar, & à Dieu ce qui est à Dieu, & mes freres ce que
ce
glorieu Sauueur à ainsj com͂andé,
nestce pas ce qu'il à bien voulu prattiquer luy
mesme, & bien qu'il eut la puissance de
sen exempter estant le fils de Dieu, si estce
que pour nestre en scandale aux autres, il la bien voulu payer luy mesme, tesmoin
à cela ce qui en est dit dans
leuangile quand voulant euiter le scandale de ceus qui
luy demandoyent les dix dragmes, il est dit qu'il dit à Pierre de
sen aller à la mer,
de ietter le hameson, de prendre le premier poisson qui monteroit, & aprés luy auoir
ouuert la geule, luy ayant treuué vn statere, qu'il le deuoit prendre & le leur
bailler pour euidence, Chrestiens cet ce mesme deuoir qu'il à bien voulu rendre
estant mesme encore dans les flancs de la bienheureuse vierge sa mere, quand il
sen alla pour estre enrolé auec Marie la fem͂e qui auoit esté fianceé à Joseph, qui
estoit enceinte, Et en cela mes freres ce
glorieu Sauueur ne vous atil pas laissé vn
patron pour ensuiure ses trasses, ouy il faut que vous limitiés, & que vous rendiés
au souuerain ce que vous luy deués, com͂e leur estant des veritables suiets
qu'ainsi on coñoisse que vous
lhoñorés, Honnorés le Roy dit Saint Pierre.
Pour vn
cinquiesme
prier Dieu
pour eux Enfin mes freres ie remarque encore vn dernier deuoir que vous deués au souuerain,
cet de prier pour eux, de faire monter vers le ciel pour eux pour leur
conseruation lencens de nos prieres, & le parfun de ce sacrifice iusques dans
le sanctuaire, Chrestiens cet lexortation que vous en donne l'Apostre en la
personne de son disciple Timotheé, quand parlant des prieres, il disoit qu'il
amonestoit auant toutes choses, qu'on fit des requettes prieres & supplications
& actions de graces pour tous hom͂es, Vostre deuoir fidelles vous oblige de prier
pour tous, hâ combien donc plus pour vos princes & souuerains, plusieurs com͂e
vous le saués ont besoin des graces du ciel pour bien regir & gouuerner, & qui
peut mieux donner ces graces aux souuerains que Dieu luy mesme puis que
comme dit Saint Jaques, toute bonne doñation & tout don parfait est denhaut
dessendant du pere des lumieres, Dauid com͂e vous le saués estoit bien vn puissant
Roy, sestoit vn grand monarque, mais sachant qu'il auoit besoin des prieres
de son peuple, il luy prescriuit luy mesme la priere qu'il deuoit faire à Dieu,
en sa faueur, priere qui est contenue dans le pseaume vintiesme, & si mes freres
vous prenés la peine de le lire, vous y verrés com͂e ce peuple fait monter vers
le ciel lencens de ses prieres pour la conseruation de ce Roy.
Et Chrestiens de tous ces deuoirs, qui sont lamour, la reuerance, la soumission ce qui est
d'heu & la priere, ne vous constet il pas suffisam͂ent que cet de vostre legitime
deuoir de vous employer auec toute la diligence possible à lhonneur que vous
deués à vostre souuerain, à cette grande & glorieuse Princesse, que Dieu par vn
effet de son adorable prouidence à conduit en ce lieu auec tout le succez imaginable,
afin de vous faire ressentir les effets de sa douceur de sa bonté & de sa
clemence.
Applicatiõ
1 Peuple de Dieu aimés la donc cette Serenissime Princesse dune amour qui soit
veritablement dans vostre coeur, mais qui se donne à connoistre par ses effets
au dehors, cet le deuoir des enfants bien nés daimer leurs peres & leurs meres,
la nature les à liés auec eux dun lien qui est fort com͂e la mort, le Prince n'est
il pas vostre pere, & cette Serenissime Princesse n'est elle pas com͂e vostre mere,
ouy vne mere qu vous embrasse com͂e ses enfants, qui à pour vous des tendresses
toutes particulieres, vne mere qui vous veut faire experimenter à tous
les effets de son amour, & pourquoy donc ne laimeriés vous pas, ô fidelles tous
dun com͂un accord, rendés ce tesmoignage à la verité, publiés & preschés par tout
le monde, que lenuoy de cette Serenissime Princesse est vn don de Dieu qu'il vous
à fait, dans le liure des Chroniques, vous lisés mes freres que le Roy de Thyr disoit
à Salomon, pource que lEternel à aimé son peuple, pource te at il establi Roy
sur eux, à plus forte raison vous peuple de Dieu aués vous suiet de dire, que
parce que Dieu vous à aimés il vous à donné cette grande & glorieuse Princesse
Il est bien constant que quand Dieu veut punir vn peuple à cause de ses pechés, qu'il
fait reigner sur luy des hypoccrites desquels parlant le patient Job, il dit que
lhom͂e qui se contrefait ne reignera plus à cause des scandales du peuple, lEternel
luy mesme la voulu dire par la bouche de loracle, quand parlant des extremes
malheurs qui deuoyent arriuer aux malheureux Juifs, il disoit qu'il leur bailleroit
des ieunes gens pour gouuerneurs, & que les enfants domineroyent sur eux, par le contre
quand Dieu veut benir vn peuple, & luy faire experimenter les effets de son amour,
il leur donne des Princes selon son coeur.
O que Dieu vous à donc bien benit mes freres de vous auoir donné vne si douce et
aimable Princesse, qui est
lamiration du Siecle pour ses rares vertus dont Dieu luy
mesme la bien voulu hoñorer, ô fidelles, rendés donc à ce souuerain bienfaiteur en recoñoissance
dune si grande grace, vos veus, vos sacrifices & vos actions de graces,
priés le du plus proffond de vos ames qu'il vous face iouir en longeur de iours
dune si precieuse & salutaire benediction, Cet du deuoir des seruiteurs de donner des
tesmoignages & des preuues de leur amour & de leur affection à leurs maistres, mais
sur tout lors qu'ils leur font ressentir les effets de leur douceur & de leur bonté, vous
fidelles n'estes vous pas seruiteurs suiets de
leurs Altesse Serenissime cette grande &
glorieuse Princesse qui vous est veritablement com͂e vne maitresse, de laquelle vous
ne pouués pas dire auec ce seruiteur duquel il nous est parlé dans
leuangile qui
disoit au Seigneur, ie connoissois que tu estois vn hom͂e rude, mais vous mes freres
vous pouués dire que Dieu vous à donné vne maistresse qui à vne bonté qui
est la merueille du siecle, qui possede toutes les vertus dans le plus haut degré
de perfection & afin que ie le dise en peu de mots à qui Dieu à donnê toutes les
vertus qui brillent en son illustre persoñe auec toute la splendeur imaginable,
Vous lisés mes freres dans
le premier des Roys, que les seruiteurs de Benhadad
luy dirent,
voicy maintenant nous auons ouy dire, que les Roys de la maison d'Israel
sont Roys benins, vous peuples de Dieu ne pouués vous pas dire le mesme de
lillustrissime maison de leur Altesse Serenissime cette grande & glorieuse Princesse
ouy dites que de tout tems vous aués tousiour ouy dire, qu'il en est tousiour sorti
des Princes & Princesses les plus benins qui fussent iamais, qui ont tousiour eu
vne bonté accompagneé de sagesse, de prudence, de pieté, en vn mot de toutes les
vertus, qui rendent les princes les plus aimables, & les plus considerables de tout le
monde.
Chrestiens que ces vertus dont Dieu à hoñoré leur Altesse Serenissime cette grãde
& rare Princesse vous soyent vn puissant motif à laimer, à luy faire paroistre vostre
soumission, les respects & lobeissance que vous estes obligés de luy rendre, vous deués
aimer ceus que Dieu aime & ausquels il fait paroistre les tesmoignages de son
amour par ses fauueurs & les influances de ces graces, Dieu aime la persoñe de
son Altesse Serenissime cette grande Princesse, il la cherit com͂e la prunelle de
son öeil, il luy à distribué des dons tout particuliers de son amour, & com͂ent donc
ne seriés vous pas obliges de laimer, de luy faire paroistre vostre affection, Vous
deués aimer ceus desquels vous resseués des bienfaits de peur de vous rendre coulpables de lingratitude la plus noire & la plus criminelle qui fut iamais, Et mes freres
les bienfaits de leur Altesse Serenissime enuers vous ne sont ils pas sans nombre,
n'est il pas vray que sous sa haute & douce domination, vous iouissés du calme
& de la tranquilité dune proffonde paix, qu'elle vous conserue le chandelier de la
verité au milieu de vous, qu'elle vous conserue dans la verité de la relligion dont il
à pleu à Dieu de vous honnorer, n'est il pas vray qu'elle vous aministre vne courte
& briefue iustice que les bons sont protegés, & que les meschants sont punis, en vn
mot que chascun de vous peut auec asseurance semployer à loeuure de sa vocation
à laquelle il à esté appellé, ô fidelles que cette amour donc de leur Altesse
Serenissime allume le vostre & vous porte puissam͂ent à laimer, ouy soyés tout
de feu pour la conseruation de son illustre persoñe, Et com͂e le feu sallume de
plus en plus à mesure quon y iette du bois, qu'il en soit ô fidelles de vostre amour
à mesme tems que vous gousterés les effets de la bonté dune si grande & glorieuse
Princesse, mais qui seroit suffisant, qui pourroit racconter toutes les choses
qui vous doiuent porter à cet amour que vous deués auoir q pour sa persoñe
que Dieu à fait leuer sur vous com͂e vn soleil en sa grace & en sa misericorde.
2 Je vous ay dit mes freres que vostre deuoir vous obligeoit daimer leur Altesse Serenissime
cette grande Princesse, mais ie soustien aussj que vous la deués reuerer dans
vous mesmes de coeur & daffection, & au dehors par vos paroles & par vos oeuures,
& ce qui vous doit porter, cet parce qu'elle est parmi vous com͂e vne enuoyée de
Dieu mesme pour vous conduire & gouuerner, de la vient qu'elle emporte le titre & la
qualite de Dieu, Jay dit vous estes enfants du souuerain dit le Prophete, de plus vous
la deués aussi auoir dans vne souueraine veneration, parce qu'elle porte limage de
Dieu, image qui est ou premierement com͂un, & cet celuy qui se voit en tous les hom͂es
que Dieu à creé au com͂encement & à sa semblance, & bien que cet image ait esté
effassé dans lestat de la corruption à cause du peché de nos premiers parents qui
à infecté & qui à empesté tout le genre humain, si estce qu'il y en est demeuré
quelque reste qui nous oblige dauoir du respect pour les hom͂es, mais il y à aussi vn
image qu'on peut dire particulier à cause duquel vne persoñe pour loffice qu'il porte
est dit estre porter limage de Dieu & defait com͂e Dieu com͂ande aux hom͂es Et en
ce sens ie puis dire que les Princes portent limage de Dieu, & defait com͂e Dieu
com͂ande aux hom͂es, qu'il est par dessus eux, & que de luy par luy & pour luy sont
toutes choses, de mesme aussi ie puis dire que les Princes sont par dessus leurs suiets,
les Princes com͂e vous le saués ne releuent pas de leurs suiets, mais au contraire les
suiets releuent de leurs Princes, ce que vous lisés dans leuangile de limage de Cesar,
que selon lordoñance du fils de Dieu il la falloit rendre à Cesar, parce quelle en
portoit limage, & Chrestiens ne puis ie pas inferer de la, que vous vous deués tout
premierement rendre à Dieu, & puis aprés ensuitte de cela à vos princes, & defait puis
en portent limage, n'est il pas bien iuste que vous vous rendiés à eux en Jesu Christ
nostre Seigneur.
3. Vous deués aussi mes freres vous soumettre à eux & leur tesmoigner vostre obeissãce
mais au Seigneur, cet lexortation que vous en donne l'Apostre, que toutes persoñes soyent
suiettes aux puissances superieures, car il n'est point de puissance sinon de par Dieu, & les
puissances qui sont en estat sont ordonneés de Dieu, pesés mes freres ie vous en prie
l'expression de l'Apostre & uoyés qu'elle est sa pensée, vous treuueres que ces paroles
renferment sous leur estendue trois raison les plus fortes & les plus preignantes
qu'il se puisse imaginer pour vous porter à cette soumission & à cette obeissance
que vous leur deués, la premiere com͂e il conste est prinse de son autheur qui est
le Prince, car dit il il n'y à point de puissance sinon de par Dieu, & voicy pour cet
effet le raisoñement de lApostre, voicy son argument qui conclud fort bien des
antecedents, Nous deuons obeir à ceus qui sont establis sur nous par lordoñance de
Dieu, car autrement ce seroit resister à Dieu mesme, or est il que cette raison doit
suffire, puis qu'il suffit que Dieu com͂ande, donc il sensuit que si nous obeissons aux
superieurs, infalliblement nous obeirons à Dieu mesme, & que par le contre si nous
somes des obstinés & des desobeissants, nous le luy somes aussi, de la vient que lEternel
luy mesme disoit à Samuel, obeis à la voix du peuple, en tout ce qu'ils te diront, car ce
n'est pas toy qu'ils ont reietté, mais cet moy, afin que ie ne reigne point sur eux.
La seconde raison de l'Apostre mes freres, par laquelle il preuue la verité de son dire,
elle est prise du mal & du danger, que ceus qui sont rebelles font venir sur eux, &
voicy le raisoñement de l'Apostre par lequel il le preuuera auec tant de lumiere
qu'il n'est pas possible den doutter, Tous ceus qui resistent à la puissance superieure
font venir sur eux la condañation, Si tu y resiste ô hom͂e, il sensuit que donc la
condañation viendra sur toy.
Mais peut estre tu me diras icy ô hom͂e que veut icy entendre lApostre par cette
condañation, qu'elle est sa penseé sur ce suiet, il m'est bien facile de te respondre & de
dire, qu'il nentend pas seulement la punition que les iuges infligent aux pecheurs,
mais aussi la vengence de Dieu qu'il prend des pecheurs en cette vie, & en celle qui
est à auenir, ô hom͂e considere bien attentiuement cette responce, & tu verras quelle
tapprendra qu'elle est cette condañation de laquelle parle l'Apostre.
Freres bienaimés la troisiesme raison que l'Apostre employe pour prouuer la verité
de son dire, assauoir que nous nous deuons soumettre à la puissance superieure, &
luy tesmoigner nostre obeissance, il la prend du proffit & de lutilité qui nous reuient
de la puissance superieure, & voicy encore son raisoñement, cet com͂e sil disoit, ô
hom͂e vostre deuoir vous oblige de rendre obeissance à ceus qui vous procurent ce
proffit, qui vous apportent des si grands auantages, assauoir que les bons sont protegés
& que les meschants sont punis & chastiés, maintenant fesons reflection de ces choses
sur la personne Sacreé de Son Altesse Serenissime cette grande & glorieuse Princesse,
n'est il pas vray que Dieu la establie par dessus vous, que celuy qui y resisteroit feroit
venir sur luy vne iuste condañation, n'est il pas vray qu'il se despouilleroit de tous
les auantages qu'il en pourroit perceuoir, Et donc qui nauouera que cette conclusion suit
fort bien des antecedents, que donc il luy faut obeir, tesmoigner le respect et lobeissãce
à cette illustrissime Princesse que Dieu nous à enuoyé en sa grace.
Peut estre me diras tu icy ô hom͂e, mais luy faut il rendre nostre obeissance en toutes
choses, faut il effectuer tous ses com͂andements sans en exepter aucũ, Je te respon ô
hom͂e que com͂e cette sage Princesse na iamais rien com͂andé contre la volonté de
Dieu, qu'aussj elle ne com͂andera iamais rien de contraire à cette diuine volonté,
puis quelle mesme sy est tousiour soumise, & ainsi pour mexprimer auec l'Apostre
elle se soumettra tousiour à la volonté de Dieu bonne, plaisante & parfaite, ô quil
conste donc ô hom͂e que ta demande est innutile, qu'elle à plus de curiosité que de
solidité.
Pour vous mes freres que rien ne soit iamais capable de vous empescher de rendre
vostre obeissance & vos respects que vous luy deués, ouy quand mesme il vous faudroit
employer vos vies, vos cors, tous vos biens pour leur conseruation, si estce que
vous le deués faire auec halegresse, sachés que cet le com͂andement de Dieu
mesme qui vous lenioint, que vous leur payés les tributs, dautant qu'ils sont ministres
de Dieu semployants à cela & puis qu'il conste que cet la volonté de Dieu
qui vous lenioint & le com͂ande, n'est il pas bien iuste que vous leffectuiyés, que
vous vous y portiés auec tous les soins imaginables.
Mais mes freres afin que vous rendiés à cette illustre Princesse l'honneur & l'homage
qui luy est d'heu, demandés par vos prieres continuelles à Dieu vostre souuerain
createur, qu'il esloigne de sa persoñe tous les maux, tous les accidents ausquels les
hom͂es sont naturellement assuiettis demandés luy qu'il aiouste vn bon nombre
danneés à sa vie, com͂e il fit autresfois à celle dun Ezechias, qu'il luy doñe vne vie
heureuse, vne parfaite santé, vne ioye accomplie, ouy dites au Seigneur fay la fleurir
cette illustre Princesse en toutes benedictions, conserue la com͂e vn precieu ioyau entre
tes mains, mets la com͂e vn cachet sur ton bras, que sa domination soit accompagneé
dun grand nombre danneés, à la consolation des bons & fidelles & à la confusion des mal
intentioñés sil y en à, donne luy des officiers fidelles selon son coeur, qui nous conduisent
conformement à la volonté de Dieu qui est celle deur leur Altesse Serenissime
cette grande & glorieuse Princesse, afin Seigneur que sous vne domination si douce,
si iuste, & si equitable, nous en manquions iamais de nostre costé de te glorifier,
de rendre à cette glorieuse Princesse lhonneur, lobeissance que des fidelles suiets sont
obligés de rendre à leur souuerain.
Et com͂e mes freres ie vien de vous representer vostre deuoir à cet egard, soyés ie vous
en prie tout ardents en prieres publiques & en particulieres pour sa conseruation, faites
paroistre vostre Zele & vostre pieté, & soyés persuadés que cet encens de vos prieres,
sera vn parfun qui montera iusques dans le sanctuaire celeste, qu'il sera deuant Dieu
en odeur de boñe senteur, Saint Jaques dit que la priere du iuste faite auec efficace
vehemence est de grande efficace, ce qu'il preuue par la priere dun Elie, qui par ses
prieres ouurit les cieux, & fit dessendre la pluye sur la terre pour produire ses fruits
Chrestiens prattiqués vous ces choses, que arriverat il, cet que de moment en moment
vous ferés dessendre par vos prieres & vos supplications, la benediction du ciel
sur leur Altesse Serenissime cette grande Princesse, & les influances des graces du ciel
sur son illustrissime persoñe.
Hâ mes freres rendes donc à Dieu des sacrifices des veus et des actions de graces, qui
vous à tant fauorisé de voir auiourd'huy la Princesse la plus accomplie qui fut
iamais, qui pour ses rares vertus est lamiration du siecle, ouy peuple de Dieu que
vous estes heureux destre sous sa domination, de releuer de ses ordres & destre assuiettis
à ses loys, qu'elle gloire, quel auantage ne possedés vous pas, sil y à iamais eu vn
peuple sous la chappe du ciel qui soit obligé de remersier Dieu pour ses fauueurs
& ses graces, ie puis dire que vous estes le premier, Dieu vous à tousiour doñé pour
vostre conduitte des Princes benins, tout remplis de bonté, de douceur, et daffection
à vostre esgard, auiourd'huy il vous continue la mesme grace, que pouués vous faire
mes freres pour vous porter recoñoissants de tant de bienfaits, sinon vous escrier
auec le Prophete, Seigneur tous tes bienfaits sont sur moy, cet que ie prendrai
la coupe des deliurances, & ie inuoqueraj à iamais le nom de lEternel, ouy vous
deués vous escrier auec luy, Mon ame beni lEternel, tout ce qui est en moy
beni le nom de sa sainteté, mon ame beni lEternel, & com͂e nous le chantons a
la fin de nos actions, Toutes gens loués le Seigneur, touts peuples chantés son
hoñeur car son vouloir benin & doux est multiplié dessus nous, & sa tresferme
verité demeurera à perpetuité.
Ouy mes freres ouurants ainsi vos bouches en cantiques, glorifiés le icy bas en terre
puis qu'il vous à creés pour sa gloire, attendant le tems que vous le glorifiés dans le
magnifique palais de sa sainteté auec toute larmée triomphante, auec tous les
miliers danges qui assistent continuellement deuant son trosne, & que dun com͂un
accord vous vous escriés en cantique doxologique, Gloire soit à Dieu es lieux
tres hauts, en terre paix enuers les hom͂es boñe volonté, Amen ainsi soit il.