Or nous savons aussi que toutes choses aident
ensemble en bien à ceux qui aiment Dieu,
assavoir à ceux qui sont apellez selon son
propos arrêté .
VN Ancien s'étoit autrefois folement
Epic.
imaginé une Providence
de Dieu générale qui
paroissoit dans tous les évenemens
extraordinaires du monde , qui
avoit soin de grandes choses , & qui
conduisoit les causes nobles dans la
production de leurs éfets ; mais qui
[ce]
cependant se soucioit fort peu , pour ne
dire pas, qu'elle méprisoit entiérement
les choses les plus viles & les plus contemptibles ,
& les accidens de petite
consequence que nous voions tous les
jours arriver. Certes l'opinion de ce
Philosophe se trouve absurde , sur tout
en ce qu'elle dérobe à la Providence
de Dieu une partie des éfets , à la production
desquels il concourt avec les
causes qui sont sujettes à sa puissance.
Pourquoi ne vouloir pas que Dieu preside
sur ce qu'il a créé, & pourquoi ravir
à sa Sagesse tant de glorieux évenemens,
qui pour n'être rien en aparence
servent pourtant de beaucoup à relever
la gloire de ce souverain Seigneur. Il
n'y a point de rouë dans cette vaste
machine du monde que cét excélent
Ouvrier n'ait agencée & qu'il ne face
lui même mouvoir ; il n'y a point de
pierre dans l'édifice de ce grand Univers
que cét Architecte fort expert
n'ait lui même taillée, qu'il n'ait bâtie
de sa propre main & dont il n'ait bien
mesuré la proportion. Il gouverne le
vol des oiseaux , & si l'on en voit tomber
[ber]
quelcun à terre , c'est un éfet de sa
divine Volonté ; il fait le nombre de
nos cheveux, il les a tous comptez, & le
moindre ne nous sauroit être arraché,
sans que cela ne parvienne à sa connoissance.
Enfin comme il a fait tout par
sa puissance pour les hommes , aussi
c'est pour eux qu'il conduit toutes choses
par sa bonté , il n'y a rien sur quoi
les yeux de sa Providence ne veillent,
& dont il ne tire quelqu'avantage glorieux
pour son nom & salutaire pour ses
enfans.
C'est une verité si constante , que
chacun est obligé de l'embrasser , &
que personne ne peut revoquer en doute ,
sans fermer volontairement les
yeux à la lumiere dont il est éclairé.
Tout homme raisonnable la reconnoît
dans le monde , tout homme fidéle en
est assuré dans la grace. Ici Dieu prend
tellement soin de tout ce qui se passe
dans l'Eglise , que les choses qui semblent
les plus contraires au salut de ses
enfans, servent merveilleusement bien
au dessein qu'il a formé de les sauver.
Il n'arrive aucun mal aux fidéles, qui
[ne]
ne leur soit avantageux , les maux leur
sont des biens , les ténébres lumiére, la
mort leur sert de vie , l'ignominie de
gloire,& la bassesse de grandeur; quand
le monde les couronne d'épines , Dieu
par sa Sagesse adorable change ces épines
en fleurs,il termine toutes leurs disgraces
Philip.3.
vers. 7.
& 8.
en félicité ; & comme S. Paul
disoit alieurs ,
que ce qui lui étoit un gain,
il l'avoit estimé lui être un dommage pour
l'amour de Christ , & qu'il reputoit toutes
choses lui être dommage pour l'excélence
de la connoissance de Jesus-Christ son Seigneur ;
les Fidéles au contraire reputent
leur être gain , ce qui leur semble
être dommage, ils estiment & ils savent
que toutes choses leur sont utiles
& profitables pour l'amour qu'ils portent
à leur Seigneur, & à cause de l'excélence
de la vocation dont il a plu à
Dieu de les honorer.
Or savons-nous,
disent-ils dans nôtre texte, que &c.
L'Apôtre avoit déja commencé de
parler auparavant de la constance que
nous devons témoigner au milieu de
nos maux, & voulant maintenant poursuivre
plus au long cette matiére , il
[re]
reprend le discours qu'il avoit entrepris
des aflictions , & déclare qu'elles ne
nous sont point contraires, mais qu'elles
nous aident & servent pour être sauvez.
O Fidéles afligés qui aimez Dieu!
veut dire S. Paul , tenez pour une chose
indubitable , que tant s'en faut que
dans ces véhémentes émotions de vos
ames vous soyez en danger de tomber,
ou de perdre vôtre perséverance, qu'au
contraire elles contribuënt à vôtre bien
& à vôtre avancement dans la foi; Ainsi
qu'elles nous sont dispensées de la sorte
par la main de Dieu pour cette fin.
Comme donc il a résolu vôtre salut
dans son Conseil éternel , & qu'il vous
a depuis en son tems éficacement apellez
en engendrant la foi au dedans de
vos cœurs , aussi l'avance & la fortifie-
t-il tous les jours , tantôt par les témoignages
de sa benediction , tantôt
& le plus souvent par les épreuves des
aflictions , d'où comme l'or du creuset
elle soit & plus pure & plus éclatante.
Mais afin que l'éxamen de ces paroles
que nous avons résolu de vous expliquer
à cett'heure tourne & réüssisse
[à]
à l'édification & à la consolation
particuliére de vos ames , acordez-
nous une docilité chrêtienne & une
atention véritablement religieuse,tandis
que pour vous y découvrir les trésors
qu'elles contiennent des perles &
des joïaux celestes,les vases pleins de la
manne & des fruits délicieux du Paradis ,
& de tous les plus prétieux dons
de la Sapience divine , nous y éxaminerons
conduits par les lumiéres du
S. Esprits ces trois points. Premiérement
nous verrons quels sont ceux qui
reçoivent un si grand & un si glorieux
avantage,ce sont ceux qui aiment Dieu &
qui ont été apellez, &c. Secondement qu'elles
sont les riches prérogatives que
S. Paul leur atribuë , toutes choses leur
tournent ensemble à bien , & enfin l'assurance
qu'ils ont des biens qui leur sont
procurez , ils le savent & ils les connoissent.
Or savons-nous aussi que toutes
choses, &c.
Cette qualité d'aimer Dieu n'est
dûë qu'aux véritables fidéles , les méchans
ne savent pas même que c'est de
l'aimer. C'est une herbe qui ne croist
[point]
point dans leur Jardin; c'est une liqueur
que Dieu ne verse point dans leur ame;
c'est un feu sacré qui ne brûle point sur
l'autel de leur cœur. L'amour de Dieu
est au fidéle un gage que Dieu l'aime ;
c'est le premier éfet de la foi ; c'est le
portrait le plus exprés de l'Image de
Dieu ; c'est la plus vive marque de ses
enfans ; c'est l'ame de toutes les autres
vertus.
Trois choses demeurent,dit S. Paul,
I. Cor.
chap. 13.
v. 13.
foi, esperance & charité , & la plus grande
de toutes c'est la charité. C'est la régle de
toutes nos actions , le sommaire de la
Loi ,
tu aimeras le Seigneur ton Dieu de
Deut. 6.
v.5.
tout ton cœur , & de toute ton ame , & de
toute ta pensée , le soutien des Martirs,
l'échelle des Cieux , la paix de la confience,
& j'ose dire, que c'est un goût &
un commencement de l'union & de la
communication que nous aurons avec
Dieu dans le ciel.Cét amour comprend
toutes les parties de la pieté ; aimer
Dieu c'est lui dédier toutes ses afections;
c'est se consacrer tout entier à son
service ; c'est lui ofrir son corps & son
ame en sacrifice vivant ; c'est rendre à
ses loix une obéïssance inviolable.
Si
[ vous ]
S. Iean
ch.14.15
vous m'aimez, dit Jesus-Christ à ses disciples ,
gardez mes Commandemens , &
I. Epit.
ch. 2.4.
S. Jean proteste que
celui qui dit qu'il
connoît Dieu & ne garde point ses Commandemens
est menteur. En éfet si c'est
le propre des enfans d'aimer leus peres,
& si c'est un sentiment que la nature
elle même nous inspire à tous de
leur donner des marques de nôtre honneur,
des témoignages de nôtre obéïssance,
& des preuves sensibles de nôtre
amour ; comment les fidéles n'aimeroient-
ils pas ce grand Dieu qui est le
Pere de nos esprits , le seul bon,la source
de toute beauté & bonté , & qui est
souverainement excélent & aimable.
Les ofices sont les liens des cœurs &
les chaines des esprits , & quelcun a
fort bien dit que celui qui a inventé les
bienfaits a sçû trouver l'art d'enchainer
le cœur des hommes, & comment n'aimeroient-
S. Iean
ch.3. 16
ils pas celui qui les
a tant aimez
qu'il a donné son Fils unique , afin que
croians en lui ils ne périssent point , mais
S. Iaq.
ch.I. 17.
qu'ils aient la vie éternelle ; Qui est
l'Auteur
de tout don parfait & de toute bonne
donation , qui les a comblez de tous ses
[biens,]
biens , & duquel ils tiennent tout ce
qu'ils sont dans la Nature, dans la Grace,
& tout ce qu'ils espérent d'être un
jour dans la Gloire.
Mais comme l'amour que nous
avons pour quelque personne est la
cause pour laquelle nous soufrons tant
de peines & de travaux en sa faveur ;
c'est pour cela que S. Paul ne dit pas
que toutes choses tournent ensemble à bien
à ceux qui croient, mais à ceux qui aiment
Dieu , il parles des fidéles plûtôt
comme de ceux qui aiment Dieu, que de
ceux qui croient en lui; parce qu'il ne
s'agit pas ici de nôtre justification qui
est alieurs atribué à la foi, mais bien
de la patience avec laquelle nous devons
suporter les adversités. L'amour
que Jacob portoit à Rachel l'a rendu si
constant au service de son Beau-pére ;
l'amour que S. Paul avoit pour son maître
lui a fait endurer les traverses de
son Apostolât ; l'amour dont les Martirs
brûloient pour Dieu les a fait courir
au suplice comme à un lieu de delices,
& l'amour que les fidéles ont pour
Dieu leur fait trouver douces & agréables
[bles]
les choses les plus rudes & les plus
dificiles qu'ils soient obligez de faire ou
de soufrir. Son joug leur est aisé & son
fardeau ne leur est pas pesant.
Mais comme l'on a dit que la manne
tomboit autrefois dans les lieux qu'une
rosée avoit auparavant préparez , aussi
le don d'aimer Dieu n'est acordé qu'à
ceux que le Saint Esprit a déja renouvelez
par son éficace ; si les fidéles aiment
Dieu , c'est parce que Dieu les a
aimez le premier , le feu de l'amour de
Dieu a alumé le feu de leur cœur. Ceux
qui aiment Dieu assavoir ceux qui sont
apellez selon son propos arrêté . Aimer
Dieu & croire en lui sont deux choses
inséparables, & qui se suivent toujours;
Aussi nôtre Apôtre n'a garde de séparer
ce qui est si bien conjoint , la charité
d'avec la foi qui sont la divine couple
d'ou dépend nôtre salut. La foi est
la mere de la charité , & la charité est
la fille de la foi. Ceux qui aiment Dieu assavoir
ceux qui sont &c. Ne vous imaginez
pas, ô fidéles! que parce que vous
aimez Dieu , vous obteniez par vôtre
amour , ou par vôtre merite de recueillir
[lir]
un tel fruit des aflictions. Non, non,
l'adoption gratuite de Dieu est la premiére
cause de laquelle procéde ce bien
que toutes choses tournent à salut aux saints.
Ils ont été connus de Dieu , comme l'Apôtre
le disoit aux Gal. avant qu'ils le connussent ,
Ch. 4.9.
& il les a auparavant élus , selon
qu'il dit dans nôtre texte ,
que ceux
qui aiment Dieu sont ceux qui sont apellez
& . Non seulement d'une vocation extérieure
par la parole , par laquelle Dieu
présente indiferenment les richesses
de son salut à toute sorte d'hommes &
les convie tous aux délices de son sacré
banquet; mais d'une vocation interieure
par le saint Esprit , qui fait que les
aveugles sont illuminez , les endurcis
touchez , les rebelles flechis , les impurs
lavez, les errans ramenez ,
énemis reconciliez,les étrangers adoptez,
les morts vivifiez, & les pecheurs
convertis. Vocation qui est si puissante
que nul n'y peut resister, parce que Dieu
nous apelle d'une façon convenable à
nôtre nature , éclairant nos entendemens ,
inclinant nos afections à son
amour avec une douceur trés-violente,
[&]
& une violence trés-douce , nous liant
mais avec des liens d'amour , nous atirant
mais avec des cordeaux d'humanité,
nous étreignant mais avec sa charité,
& contraignant invinciblement
mais agréablement nos volontez rebelles
de retourner vers lui , aussi l'Apôtre
nous donne bien à entendre que c'est de
celle-ci qu'il est maintenant question,
quand il ajoûte selon son propos arrêté .
Ce Propos arrêté ou ce bon plaisir de
Dieu n'est autre chose que la sainte &
misericordieuse volonté que Dieu a arrêtée
& resoluë dans son conseil éternel ,
vers.28.
de
nous rendre conformes,comme il
le dit dans la suite , à l'image de son fils ,
dont parle l'Apôtre dans quelqu'autre
Eph.I.5.
de ses Epîtres quand il assure
que Dieu
nous a prédestinez pour nous adopter à soi
par Jesus Christ selon le bon plaisir de sa
2. Epit. à
Tim.1.9.
volonté , Qu'il nous a sauvez & apellez par
une sainte vocation , non point selon nos œuvres ,
mais selon son propos arrêté , & la
grace qui nous a été donnée en Jesus-Christ
devant les tems éternels. Saint Paul l'apelle
un propos , parce que c'est une
chose que Dieu a proposé de faire , &
[un] un dessein qu'il a résolu d'éxécuter ; &
un
propos arrêté , c'est à dire , un
propos ferme & inébranlable , qu'il ne manque
jamais d'acomplir, & qui est toujours
suivi de son éfet. Et certes si l'on
a dit des Rois des Perses & des Medes
que ce qu'ils avoient une fois écrit de
leurs mains & séllé de leurs seaux étoit
tout à fait irrévocable ; combien plus
devons nous dire que ce que Dieu a
proposé & déliberé en lui même , que
ce qu'il a une fois dit , aura son plein &
entier acomplissement. Ce grand Dieu
l'auroit-il dit & ne le fairoit-il point ?
l'auroit-il promis et arrêté, & ne l'éxécuteroit-
il point ?
les cieux & la terre,
Matth.
24. v. 35.
passeront, dit-il, mais mes paroles ne passeront
point . Les hommes forment divers
desseins, ils proposent de faire plusieurs
choses , dont ils ne viennent pourtant
point à bout, soit parce que leur esprit
change d'opinion & leur volonté d'inclination ,
comme la lune change de
visage ; soit parce que la puissance & la
sagesse , la force & l'adresse leur manque
pour mettre à éxécution ce à quoi
ils se sont déterminez ; leur force n'étant
[tant] à vrai dire que foiblesse , & leur
sagesse que folie , s'il faut parler ainsi.
C'est ce qu'on ne peut pas dire de Dieu
qui est au dessus des loix de l'inconstance ,
qui est toujours le même , immuable
dans sa nature & dans ses promesses,
également puissant & sage, rien n'aiant
jamais été capable de s'oposer à sa puissance
& à sa sagesse infinie , non plus
qu'à sa bonne & divine volonté. Il fait
ponctuellement ce qu'il a proposé , il
s'aquite fidélement de ses promesses &
acomplit infailliblement tout ce qu'il a
conclu & arrêté. Oyez ce qu'il dit par
Ch. 46.
v. 10.
la bouche
du Prophete Esaïe dans le livre
de ses révélations , mon conseil tiendra &
j'éxécuterai ma volonté. Ce
propos donc
arrêté de Dieu est la seule cause de nôtre
vocation , & la grace qu'il nous a
faite de nous avoir séparez d'avec les
autres hommes demeurés dans les ténébres
de l'erreur & dans la servitude
du peché est un pur éfet de son divin
amour , né tout entier du libre mouvement
de sa volonté , sans que rien de
nôtre part l'y ait jamais solicité ou convié.
Et ainsi il ne nous sera pas maintenant
[nant] dificile de comprendre la liaison
qu'il y a entre l'avantage qui nous est
promis, & les personnes ausquelles cette
promesse est faite. Dieu ne veut pas
sans doute qu'aucun de
ceux qui l'aiment
& qui sont apellez selon son propos
arrêté périsse , mais que tous ceux-là
soient sauvez , il est donc necessaire
que
toutes choses leur soient avantageuses ,
autrement Dieu seroit frustré de
son but. Un artisan dresse le bois qu'il
à dessein d'apliquer à quelque usage , &
le rend de telle forme qu'il lui puisse
servir. Dieu dont la sagesse est diverse
en toutes choses dispose de telle maniére
tous les moiens qui sont necessaires
au salut de ses enfans , qu'il n'y a
rien qui ne serve à son grand dessein;
il les taille avec les ciseaux des aflictions
pour en faire les pierres vives de
la Jerusalem céleste.
Ceux qu'il a apellez
Rom. 8.
v. 29.
il les a aussi justifiez , & ceux qu'il a
justifiez , il les a aussi glorifiez , Puis donc
que
ceux qui aiment Dieu ont été apellez ,
il faut parconsequent qu'à
ceux-là toutes
choses tournent au bien de leur ame , à
l'avancement de leur salut, & à la jouïssance
de la gloire.
[Voions]
Voions donc maintenant ce qu'il
faut entendre par ces toutes choses , &
par ce bien dont S. Paul parle , quand il
dit que toutes choses &c. Il n'y a point
de doute , qu'on ne puisse comprendre
sous ce nom tous les évenemens de
cette vie tant la prosperité que l'adversité
qui arrive aux fidéles , les biens &
les maux mêmes non seulement de
peine , mais encore de coulpe , c'est à
dire, non seulement les aflictions,mais
encore les péchez ; quoi que nous
puissions dire que l'Apôtre entend principalement
les tribulations , dont il a
parlé auparavant de quelque ordre, de
quelque rang & de quelque nature
qu'elles soient, toutes , non seulement
les maladies , le banissement , la perte
des biens , mais encore l'emprisonnement
la persécution & la mort même.
Ce bien est le salut de l'ame sur tout à
l'avancement duquel toutes ces choses
concourent & aident ensemble comme
dit maintenant nôtre Apôtre. D'elles
mêmes elles ne seroient pas capables
de produire de si glorieux éfets , mais
Dieu qui trouve l'ordre parmi les confusions,
[fusions,]
s'en sert comme il se servit de
la trahison de Judas & de l'inimitié des
Juifs contre Jesus-Christ pour avancer
l'ouvrage de nôtre salut ; comme de la
dissipation de l'Eglise de Jerusalem par
la persécution pour répandre la doctrine
de l'Evangile au païs d'alentour ;
comme des Romains qui étoient Païens
& idolatres pour abolir la Sacrificature
Judaïque, qui empechoit l'acroissement
de l'Eglise chrétienne. Comme il emploia
la crüauté des freres de Joseph,
pour la nourriture de son peuple en
tems de famine ; la prison de ce même
Joseph pour l'éléver en grandeur ; l'endurcissement
de Pharao pour faire éclater
ses merveilles ; l'ambition de l'Empereur
Auguste commandant d'enrôler
tous ses sujets selon les familles pour
faire passer la vierge Marie enceinte de
Nazareth en Beth-lehem , où elle s'est
acouchée , afin que fust acomplie la
prophétie de Michée.
Ch. 5. 2.
C'est ce nous prenons à tâche de
vous faire voir clairement par le menu,
en vous montrant qu'en toutes ces choses
Christ nous est gain à vivre & à
mourir , & que les fidéles se trouvent
bien diferens en tous ces chefs des impies
& des profanes. Commencons
par la prosperité. Il est certain que
comme dans la musique il se fait une
agréable harmonie de la diversité des
tons que chacun y tient ; l'un hausse &
l'autre baisse, & cependant de ces voix
discordantes résonne & provient un
beau chant , ainsi de la prosperité qui
éléve l'homme & de l'adversité qui l'abaisse ,
de ces deux états diferens resulte
à l'ame fidéle un grand bien. Ceux
qui aiment Dieu usent avec modération
des biens qu'il leur a mis entre les
mains , ils en distribuent aux pauvres,
& par ce moien ils s'amassent des trésors
au ciel, & pour un verre d'eau froide
qu'ils donnent , Dieu les abreuve au
fleuve de ses immortelles délices. Ils
prétent leur argent à usure,& sont comme
ceux qui alant dans un païs,où l'argent
n'est point de mise y pourvoient
de bonne-heure par des lettres de change ,
& trouvent le secret de se le faire
rendre en d'autres especes , parce que
l'or ni l'argent n'ont point de cours au
[ciel,]
ciel , où ils doivent demeurer éternellement ,
ils y envoient de bonne-heure
leurs richesses par une espece de lettre
de change , & pour les donner seurement ,
ils les mettent entre les mains
de Dieu par leurs aumônes. A ceux qui
craignent Dieu & se reposent sur sa
providence arrive le même qu'à la veuve
de Sarepta , laquelle du peu, qui lui
I. Rois
17.15.16.
étoit resté en tems de famine , assista le
Prophete Elie , de sorte que Dieu fit,
que l'huile de la fiole & la farine du cofin
ne manqua point ; & ce qui arrivoit
à ceux qui cueilloient la manne au desert ,
celui qui en avoit cueilli beaucoup ,
Exod.
16. 18.
n'en avoit point de surabondant,
& celui qui en avoit cueilli peu n'en
avoit point de faute.
Les richesses , ou les benédictions
temporelles que Dieu départ à ses enfans
sont des instrumens & des aides à
la vertu , quand elles sont bien emploiées.
Ne tournerent-elles pas à bien
au Patriarche Abraham , puis que s'il
Gen. 18.
2.
eut été pauvre il n'eut peu éxercer son
hospitalité envers les Anges qu'il prenoit
pour des hommes Arabiens. Ne
Gen. 19.
v. I.
tournérent-elles pas à bien à Lot , puis
que sans elles il n'eut-peu recevoir dans
sa maison les Anges qui lui furent envoiez
pour l'avertir de l'embrasement
de Sodome. Si Dieu n'eût environné
Job de beaucoup de biens , jamais il
n'eût été benit par le reins du pauvre
qu'il avoit revêtu , & Salomon n'eût
sçû témoigner sa largesse & sa magnificence
roiale en bâtissant le temple ni
son sçavoir dans la Philosophie naturelle,
si Dieu ne l'eût abondanment enrichi
de ses dons. Les richesses sont
au sage comme une couronne , mais
au mondain comme une épée en la
main d'un homme furieux
L'aise des sots
Prov. I.
v. 32 &
10.22.
dit le Sage, les tüe, la prosperité des fous
les perd , mais la benédiction de Dieu enrichit
le Sage. Les biens qui arrivent aux
méchans leur sont plutôt des maux,
comme les meilleures viandes se corrompent
& se tournent en pourriture
dans un mauvais estomac ; ce sont des
bêtes que l'on engraisse pour le sacrifice ;
ce sont des victimes que l'on couronne ,
avant que d'étre immolées.
Dequoi profita à Absalon la belle chevelure
[velure]
que Dieu lui donna ? elle fut cause
qu'il fût percé des fléches de Joab.
Quel avantage reçût Achitophel de son
savoir ? puis qu'il ne l'empêcha pas de
s'étrangler. Qu'elle utilité revint à Nebucadnezar
de tous les Roiaumes qu'il
possedoit ? puis qu'ils ne l'empêchérent
pas d'être reduit à la condition des
bêtes. La couronne d'Herode ne le
préserva pas des vers, & les délices
du mauvais riche ne servirent qu'à alumer
un feu pour le consumer éternellement.
Quel fruit recueillit Caïn de
son droit d'aînesse ? Saül de sa riche
taille ? Goliat de sa force ? Eliab de son
beau visage ? Nabal de ses richesses ?
Jezabel du sang roial ? Caïphe de la
Tiâre ? & Judas de la charge d'anoncer
l'Evangile & de la puissance de produire
des miracles ? Certes il n'apartient
pas à eux de savoir se servir des biens
de la fortune, en les reçevant avec la
moderation necessaire, ils n'en reçoivent
jamais des plaisirs purs & sinceres ;
il semble que Dieu ne les leur a
acordez, que parce qu'il les a jugez indignes
d'en reçevoir de plus excélens,
qu'il reserve pour les amis de la sagesse;
ils n'ont qu'une goute d'ambrosie, encore
peut-on dire que c'est plutôt un
poison pour eux , qu'une liqueur nourrissante.
C'est à Dieu qu'il apartient
d'abreuver ceux qu'il aime d'un torrent
de volupté qui dure toujours & de faire
goûter des douceurs mêmes dans les
amertumes.
Mais les péchez mêmes, ô providence
de Dieu que tu es adorable !
tournent
à bien au salut de ses enfans , les fautes
où ils tombent leur sont avantageuses ;
S. Aug.
ô heureuse faute ! disoit un Ancien parlant
de la faute d'Adam , qui nous a
mérité un tel Rédempteur . Les Médecins
tirent des remédes salutaires des
poisons les plus mortels , ainsi le Seigneur
fait servir à la correction & à l'édification
des fidéles les choses qui de
leur nature sont les plus contraires au
salut , c'est à dire , leurs chutes & leurs
péchez : Vous savez les usages salutaires
ausquels il conduisit par sa providence
l'horrible faute de David, & depuis
celle de Saint Pierre, qui servirent
[à] à leur humiliation, & à les faire cheminer
dans les voies de Dieu avec crainte
& tremblement , & avec plus de modestie ,
de soin , de zéle & de foi que
jamais. Cette admirable dispensation
parut aussi clairement dans l'incrédulité
de saint Thomas ; cét Apôtre se roidit
S. Iean
25. 27.
28.
contre toute raison à ne point croire la
resurrection de son Seigneur , mais la
bonté & la sagesse de Dieu conduisit
tellement cette incrédulité, qu'elle servit
à afermir la foi de ce mistere dans
l'esprit de saint Thomas. C'est
tirer de
Iug. 14 .
14.
la viande de ce qui devoroit & de la
douceur de ce qui étoit violent selon le
sage Enigme de Samson que les Philistins
ne purent expliquer. C'est
cueillir
S. Matt.
7. 16.
des figues des épines & vendanger des
grapes dans un buisson . Ce ressort adorable
de la sagesse divine ne se déploie
point à l'endroit des crimes des méchans.
Ceux-ci prennent le venin , où
les autres trouvent l'antidote , & au
lieu qu'autrefois la verge de Moïse se
Exod. 4.
3.
convertit en serpent , leurs péchez qui
sont des serpens de l'engence de celui
qui nous séduisit au commencement se
convertissent en verges, ou pour mieux
dire , en foudres & en éclairs que Dieu
lance sur leurs têtes. Les vices de ces
gens la alument le feu de la colére de
Dieu. Ce sont des puits de soufre & de
bitume qui comme autrefois au païs
de Sodome atirent sur nous l'embrasement
du Ciel.
Que dirons-nous enfin des aflictions
& châtimens que Dieu nous envoie ?
Ecoutez
Saint Paul dans son Ep. aux
ch.12.11.
Heb. toute discipline , dit-il , sur l'heure
ne semble point étre de joie, mais de tristesse :
mais aprés elle rend un fruit paisible
de justice à ceux qui sont éxercez
par elle . Et alieurs il déclare que l'afliction
Rom. 5.
v. 4.
est la mere de la patience , que
celle-ci engendre l'épreuve & que l'épreuve
est la fille de cette derniere.
Ps. 119.
v. 11.
Oiez
le Prophéte David dans quelqu'un de
ses Psaumes ,
Avant Seigneur que tu m'eusses
afligé , j'alois à travers champs : mais
maintenant j'observe ta parole . Et
Job dans
le livre de sa patience s'écrie ,
quand tu me
ch. 13. 15.
tuërois, Seigneur, j'espérerai toujours en toi .
Them.
Ce qu'un
Ancien disoit ,
j'aurois été perdu
si je n'eusse été perdu , nous le pouvons
[vons] dire de nous même ; il n'y a que
ceux qui sement en larmes, qui puissent
espérer de moissonner avec chant de
triomphe. Dieu ne nous méne sur le
bord des enfers , que pour nous ouvrir
toutes les portes de son paradis , il ne
nous désole par sa justice , qu'afin de
nous consoler par sa miséricorde , il ne
nous rend les auditeurs de sa loi , qu'afin
de nous faire ouir son évangile , &
il ne nous améne aux piez de la montagne
de Sinaï, qu'afin de nous conduire
à ceux de la montagne de Sion.
Au bout de la verge de Jonathan il y
I. Sam.
14.27.
avoit du miel , aussi les châtimens que
Dieu éxerce envers nous sont doux &
benins ; il ne nous menace , qu'afin de
nous rendre plus avisés , il ne nous châtie
qu'afin de nous rendre sages à salut.
Les adversités sont des remédes à l'enflûre ,
des préservatifs contre la corruption ,
des semences de salut & des matieres
de couronne. Elles sont instructives ,
πκτήμκτκ
ματήματκ. elles valent de dogmes , elles sont
une excélente école & une discipline
qui emporte afection & enseignement
tout ensemble.
[Les]
Les personnes afligées sont conservées
par la dans l'humilité chrétienne.
Dieu les avertit qu'il ne les a pas faites
pour la terre , que le ciel est leur propre
région, comme il est celle des esprits
& de la lumiére , & parce qu'il les y
veut toutes pures & sans tache , il les
met dans le feu des aflictions , qui les
purifie de la rouïlle & des souillûres
qu'elles prennent sur la terre , & les
prépare à recevoir plus nettement & à
réfléchir avec plus de force le grand
jour de sa face & les éfusions de sa gloire.
Il y a des richesses cachées dans les
aflictions , & vous étes plus heureux
dans la soufrance , que si vous étiez
dans la prosperité. Il n'y a rien de si
mal-heureux qu'un-homme qui n'a jamais
eû du mal-heur ; c'est à l'ombre
que la lumiére doit son éclat ; c'est de
la nuit que le jour tire sa clarté ; c'est
par les ténébres que le Soleil fait connoître
la splendeur de ses raïons ; c'est
la rigueur de l'hiver qui reléve l'aimable
douceur du printemps ; ce sont
les épines qui font estimer les roses ;
c'est certainement de l'infortune que
[procéde]
procéde la félicité , étant trés-véritable
que celui qui n'a point eû de mal ne
connaît pas le plaisir. En éfet ceux
qui n'ont jamais eû que d'heureuses
avantures , qui n'ont jamais éprouvé
l'inconstance du sort , & ausquels les
contentemens les plus sensibles n'ont
jamais couté un soupir , ni fait répandre
une larme, les possedent sans en
jouïr , & font l'objet de leur froideur
& de leur mépris de ce qui pourroit
être l'objet du désir de tout le monde.
Ils sont riches sans le savoir , ils ont des
trésors sans les connoître , ils ont des
biens sans les goûter , & leur abondance
les fait pauvres.
Nôtre foi , nôtre espérance , nôtre
charité, nôtre répentance & nôtre patience
ne paroissent que dans les aflictions ;
il est de ces vertus chrétiennes
comme des étoiles qui ne brillent que
durant la nuit;ou cõme des drogues aromatiques
qui n'exhalent jamais si agréablement
leur bonne odeur , que lors
qu'elles sont jettées dans le feu , comme
de la valeur du soldat , qui ne paroit
[jamais]
jamais bien que quand il est aux prises
avec l'énemi. L'enclume & le diamant
s'endurcissent par les coups, la constance
se fortifie par les secousses ; Sans les
grandes aflictions de Job nous ne saurions
pas bien que c'est de sa patience,
& nous devons aux persécutions de
Saül & d'Absalon la plûpart des Psaumes
de David , car comme le
Benoni de Rachel fut fait le
Benoni de Jacob,
ainsi les Psaumes de David qui sont les
enfans de sa douleur , sont devenus les
apuis de sa force. Sans les grandes
charges des briques d'Egypte, les Israëlites
n'eussent jamais pensé à en sortir,
pour aler vers cette belle terre de
Canaan découlante de lait & de miel.
Sans le mauvais visage que Laban fit à
Jacob, jamais Jacob n'eut pensé à se retirer
vers sa chere patrie. Sans les sévéres
& rigoureuses menaces que Joseph
fit à ses freres , jamais ils n'eussent
pensé comme il faut à soupirer pour le
cruël & indigne traitement qu'ils lui
avoient fait. Si l'orage ne se fut point
Luc 28.
23. 24.
élevé sur la Mer , les Apôtres eussent
laissé dormir les Fils de Dieu , & n'eussent
[sent] point vû une preuve de sa puissance ,
qu'il leur montra en commandant
à cét élément qui n'a point d'oreilles
de se calmer. Naaman n'eut jamais recherché
2. Rois 5.
v. 9.
le Prophete Elisée, s'il n'eut été
frapé de
l'épre. Sans la famine la confience
Gen.47.
v.12.23.
des freres de Joseph ne se fut
point éveillée. Sans les aflictions Manassé
ne se fut point converti à Dieu. Jamais
Joab ne fut venu vers Absalon qui
2. Sam.
14.30.38.
lui avoit envoié plusieurs fois de venir,
si le feu n'eut brûlé ses héritages. Dans
l'afliction les priéres sont plus ardentes,
le Roi Ezechias grommeloit comme
2. Rois
20. 23.
une gruë & une hirondelle, & gemissoit
comme un pigeon , Jonas jette des sanglots
Chap. 2.
v. 23.
dans le ventre de la baleine , &
Dieu les a éxaucez.
Toutes choses enfin tournent à bien à
ceux qui aiment Dieu . Les maladies qu'ils
soufrent en leur corps servent de médecine
à leur ame ; & comme lors que
Dieu voulut retirer d'Egypte le peuple
d'Israël il renforça le joug de sa dure &
amere servitude : Pour cette même raison
il les soûle de fiel & d'amertume,
afin de les dégoûter de la terre & de
[ses]
Nomb.
24.10.
ses fades plaisirs. La malédiction de
Balaam servit de benédiction au peuple
de Dieu, ainsi les outrages faits aux
fidéles serviteurs de Dieu sont mérites,
les pierres qu'on leur jette sont pain
benit , à l'exemple de l'Apôtre S. Paul
Act. 26.
5.
ils secoüent cette vipére du doigt , sans
en recevoir aucun dommage. L'envie
qu'on leur porte ne diminuë ni leur
honneur , ni leur bien ; Dieu permet
par ce moien que leur gloire en soit
renduë plus illustre. Les fréres de Joseph
en le voulant faire esclave le firent
dominer sur toute l'Egypte. L'envie de
Saül sans y penser, mit à David la Couronne
sur la tête , & lui donnant des
matiéres des traverses , lui donna des
sujets de triomphe. Elle le porta doucement
au Trône par les mêmes dégrez
qu'il lui avoit dressez pour lui faire
des précipices. Maximin le tiran contribuë
par sa jalousie aux honneurs de
Constantin tout ce qu'une furieuse envie
pouvoit surmonter. Constantin
n'a pas tant profité à l'Eglise en lui procurant
beaucoup d'honneur & de richesses,
[chesses,] comme Neron , Diocletian &
les autres Empereurs tirans qui l'ont
persecutée par le feu & par l'épée. En
un mot traite-t-on les fidéles avec rigueur ?
Dieu fait que leurs aflictions
leur sont des remédes salutaires qui les
déchargent de leurs superfluitez & qui
font l'évacuation d'une plénitude qui
auroit causé une dangereuse maladie ;
& qu'elles leur sont des incisions qui
sont faites à ces beaux arbres qui portent
le vrai baume de la foi pour en extraire
cette prétieuse liqueur. Les contraint-
on de s'enfuïr dans le désert ? il
commande aux corbeaux de les y
I. Rois
17. 6.
nourrir avec Elie. Les dépouille-t-on
de leurs biens ? il remédie avantageusement
à leurs pertes , comme il fit à
celles de Job , les torrens qui sembloient
Iob 42.
12. 13.
les devoir engloutir ne servent
qu'à leur aporter de nouveaux revenus,
tout de même que le torrent d'un fleuve
augmente les possessions par les terres
qu'il y pousse peu à peu. Les emprisonne-
t-on ? ou il est avec eux , ainsi
Gen. 39.
21.
qu'il est dit de Joseph ; ou ils chantent
Act. 16.
25.
ses loüanges comme Paul & Silas ; ou
[leurs]
Act. 5.39.
& 12.7.
leurs chaines tombent & un Ange les
délivre comme S. Pierre ; ou Dieu ouvre
à leur ame la porte de la vraie liberté.
Les condanne-t-on à la mort?
ils sont assurez que la mort leur est un
bon vent , qui les conduit au port , &
une heureuse retraite qui les apelle de
la terre au repos & à la vie du ciel.
Mais comme une même cause produit
souvent divers éfets, que le Soleil
endurcit la bouë , & ramolit la cire,
aussi
toutes ces choses que vous avez vû
tourner à bien aux fidéles,
aident en mal
aux méchans. Dieu aflige les bons &
les mauvais, mais le succez en est bien
diferent ; il fait passer les uns & les autres
dans l'abîme des aflictions , comme
il fit autrefois entrer dans le goufre
de la Mer rouge son Israël , aussi bien
Exod.
14. 28. 29.
que les armées d'Egypte ; mais comme
il en fit sortir son peuple avec joie,
au lieu que les Egyptiens y furent submergez,
ainsi il délivre les bons des
maux , qu'il leur fait soufrir , pendant
qu'il laisse périr les mauvais sous la pesanteur
des coups dont il les frape.
Chap. 6.
23. 24.
Daniel & ses énemis décendent dans
[la] la fosse aux lions, mais celui-là demeure
sans soufrir aucun dommage parmi
ces animaux farouches , au lieu que
ceux-ci n'y ont pas plutôt mis les piez,
qu'ils en sont déchirez & mis en piéces.
L'orfévre jette dans un même fourneau
son charbon & son or, le charbon
y est reduit en cendre , au lieu que l'or
y est rafiné , & ne laissant que la crasse
en sort plus éclatant , qu'il n'y étoit entré ;
de même le Seigneur jette les élus
& les reprouvez dans la fournaise des
aflictions , mais ceux-là y laissent les
ordures de leurs ames , au lieu que
ceux-ci y sont consumez par flammes
dévorantes. La verge de Moïse
fut serpent aux Egyptiens, & vraie verge
aux Israëlites ; la colonne de nuée
étoit claire aux Israëlites, mais obscure
aux Egyptiens ; les aflictions ruïnent
les
méchan, mais elles sont salutaires
aux bons. Elles sont comme l'eau
d'éxécration
& d'épreuve , dont il est parlé
dans le livre des Nombres qui faisoit du
Chap. 5.
v.27.28.
bien à la
sage femme qu'on éprouvoit,
mais elle crevoit & tüoit l'
impudique qui
en beuvoit. L'or ne perd pas sa beauté
[pour]
pour être long tems dans l'eau, & le feu
en releve le prix et l'éclat,il n'en est pas
de même de la fange ni de la paille,
l'une se dissout dans l'eau, & l'autre s'y
pourrit , & dans le feu toutes les deux
s'en vont en cendres. Vous trouverez
dans ces exemples la nature des gens
de bien & des pécheurs ; les justes conservent
leur pureté dans le repos , ils
aquiérent même quelque degré de perfection
dans les épreuves les plus dures
& les plus terribles,pendant que les méchans
au contraire sont également corrompus
dans les délices & dans les soufrances ,
& s'afligent au premier mal-heur
qui leur arrive avec aussi peu de
marque de consolation que s'ils soufroient
déja par avance les tourmens
des diables, dont ils doivent être la
proie ; & pour comble de malheur ,
quand les impies meurent , ils n'ont
point d'espérance de la gloire ni de la
félicité du Paradis , & si la mort les détache
de la chaine des miséres , à laquelle
tous les enfans d'Adam se trouvent
atachez, elle précipite leur corps
& leur ame dans des tourmens éternels.
[Cette]
Cette parole est certaine & digne
d'être entiérement reçuë , mais afin de
la pouvoir mieux imprimer dans nos
esprits , écoutons l'assurance que S.Paul
nous en donne & la protestation inviolable
qu'il nous en fait , quand il dit
que c'est une chose qui nous est connuë,
dont nous ne devons point douter,
& que nous savons avec une pleine
certitude , nous savons , dit-il. Il n'entend
pas par cette sience une connoissance
foible, ni une opinion probable,
mais une assurance ferme & une créance
solide. Et nous savons ordinairement
quelque chose ou par révélation,
ou par raisonnement ou par expérience.
Par révélation ; quand Dieu nous
la découvre, ou immédiatement comme
il révéloit autrefois ses oracles aux
Prophetes ; ou par le moien de l'Ecriture
& de la foi. Par raisonnement,lors
que nous connoissons les causes par
leurs éfets ; c'est ainsi que l'on juge
qu'il y a du feu dans une chambre par
la fumée qui en sort. Par expérience,
lors qu'aprés avoir consideré sérieusement
une chose plusieurs fois & en
[avoir]
avoir fait divers essais , nous en aquerons
enfin la connoissance. Nous pouvons
dire que les fidéles
savent en ces
trois maniéres que
toutes choses leur
tournent ensemble à bien . Premiérement
par révélation , non pas immédiate,
comme certains
visionnaires se le sont
imaginez ; mais par la Parole de Dieu.
Invoque moi , nous crie l'Eternel , par
Ps. 50.15.
la bouche du Prophete David , au jour
de ta détresse, je t'en tirerai hors & tu m'en
glorifieras . Par la foi & par la confiance
inébranlable que le S. Esprit nous en
donne. Secondement par raisonnement ,
Rom. 8.
v.16.
car du
témoignage que le S. Esprit
rend à nôtre esprit que nous sommes enfans
de Dieu , nous tirons cette conséquence
1.Cor.10.
v.
13.
assurée qu'
il ne permettra point que nous
soions tentez par dessus nos forces , mais
qu'avec la tentation il nous acordera une
heureuse issuë de tous nos travaux . Et enfin
par l'expérience que nous en faisons
tous les jours , n'y aiant point de fidéle
qui ne ressente quelque ateinte des aflictions
& dont il ne retire par la sage
providence de Dieu quelque utilité
particuliére, & quelque avantage considerable
[siderable] pour lui : Témoin soit de cette
vérité l'éxemple du
pauvre Lazare &
Luc 16.
v. 20.
celui du
mauvais Riche, dont la condition
se trouve bien diferente à l'heure
de leur mort. La misére de l'un lui
tourna à honneur & à gloire, & les plaisirs
de l'autre se convertirent en chagrins :
celui-là cessa d'être miserable
pour commencer d'être bien-heureux,
& les fleurs de celui-ci se changérent en
épines , & sa félicité se termina à déplaisir.
Voilà quelle étoit la connoissance &
l'assurance de nôtre Apôtre ,
nous savons .
C'étoit, comme vous voiez, une
sience beaucoup plus ferme & certaine
que celle que nous pouvons avoir de
quelque chose par ses causes ; ou de
quelque conclusion par la nécessaire
dépendance de ses principes ; car elle
ne s'apuioit pas sur rien de mortel , ni
sur la raison humaine , ni sur l'opinion
ou la tradition des hommes , mais ses
principes invariables & éternels étoient
l'Esprit de Dieu & les promesses contenuës
dans sa Parole plus stable & permanente
Esa. 51.
v. 6.
que
les Cieux qui passeront,mais
[ elle ]
1. Pier. I.
v.
25.
elle demeure éternellement . Cette
sience qu'il avoit, il ne l'avoit point tirée , de
Mat. 16.
v. 17.
la
chair & du sang qui n'étoit pas capable
de lui révéler ces choses , mais bien des
lumiéres de sa foi, de la Parole de Dieu
& de l'expérience salutaire qu'il en
avoit faite ; sa foi lui dictoit , la Parole
de Dieu lui aprenoit, & sa propre consience
lui témoignoit
que toutes choses généralement lui seroient favorables,&
que rien n'aporteroit jamais le moindre
obstacle à son salut & à son bonheur.
C'est une chose que nous ignorons
pas non plus que lui , mais que
nous savons fort bien , nous qui aimons Dieu,
& qui avons été honorez de sa salutaire
connoissance. Et sur ce sujet n'admirez
vous pas la réponse de l'Empereur
Théodose à
S. Ambroise qui lui demandoit ,
pourquoi il étoit si fort assuré
de son salut ?
J'ai aimé Dieu, j'ai aimé
Dieu ; lui répondit-il. Tant il est vrai
que l'amour que nous avons pour Dieu
n'est jamais separé de cette assurance
que toutes choses nous aident ensemble en
bien .
Aprés cela, (Docteurs de Rome,) pourquoi
[quoi]
ravirions-nous à nos ames l'assurance
de nôtre salut ? Pourquoi floterions-
nous entre l'espérance & la crainte ?
puisque quelques aflictions que
nous soufrions dans le monde , nous
sommes assurez qu'elles sont des aides
à nôtre bonheur , & que comme plus
les eaux du Déluge croissoient , & plus
l'Arche de Noé s'aprochoit du Ciel,
aussi plus les eaux de tribulation croissent
& multiplient sur nous, & plus nôtre
ame s'avance vers la glorieuse immortalité.
Ce n'est pas un avantage
ni une prérogative particuliére à Saint
Paul , quoi que dient nos Adversaires.
Non non : C'est un privilége commun
à tous les véritables fidéles. J'avouë
que les graces de ce S. Homme étoient
incomparablement plus hautes & plus
excélentes que celles du reste des
Chrétiens ; mais cela n'empêche pas
que leur salut ne soit assuré , ni qu'ils
n'en puissent & doivent avoir un sentiment
semblable à celui que l'Apôtre
avoit du sien. Car tous les enfans de
Dieu sont faits & formez sur un même
patron , & pour être de grandeur inégale,
[gale,]
ils ne laissent pas d'avoir tous une
même nature en Jesus-Christ, d'être
fondez & édifiez en lui. Aussi voiez
vous qu'il ne se met pas seulement dans
le nombre , mais tous
ceux qui aiment
Dieu , & qu'il ne dit pas,
je crois , mais
nous croions ;
je sai , mais
nous savons .
Ps.116.10.
Le Prophete David disoit qu'il
avoit cru,
& que pour cela il avoit parlé , chaque fidéle
aussi peut dire qu'il croit,& qu'ainsi
rien ne le sauroit empêcher de parler
hardiment de son salut, & d'être assuré
de la possession de la vie éternelle.
Ce texte est si riche , que nous n'aurions
jamais fait, si nous en voulions
sonder toutes les profondeurs. Nous
nous contenterons de ce que nous venons
d'entendre , & en ferons pour la
fin une sérieuse aplication à nos ames.
Aprenez d'ici, M. F. quel est vôtre devoir,
& quelle est la consolation que
vous recevez dans toutes les aflictions
dont Dieu vous visite. Vous devez aimer
Dieu ; c'est le plus haut point de
vôtre Christianisme ; & la plus claire
marque de vôtre fidélité. S'il vous a
donné un entendement capable de le
[con-]
connoître, & une mémoire capable de
retenir ses enseignemens : Ne vous
a-t-il pas donné aussi un cœur capable
de l'aimer ? Aimons le donc , quiconque
nous soions , d'un amour ardent &
sincére ,
non seulement de parole & de
I. Ep. de
S. Iean 3.
v. 18.
langue, mais d'œuvre & de vérité . Joseph
s'abstint de mal faire pour l'amour qu'il
portoit à son maître , & ne renoncerons
nous pas à toute impieté ? si nous
Gen. 39.
v. 9.
voulons montrer que nous aimons véritablement
Dieu. Abraham lui donna
Gen. 22.
v. 16.
des marques de son amour , quand il
immola son fils unique ; nous témoignerons
aussi que nous aimons Dieu,
quand nous nous consacrerons tous entiers
& nos corps & nos ames à son pur
& à son divin service , & que nous lui
sacrifierons nos biens , nôtre honneur,
nôtre vie , & en général tout ce que
avons de plus cher.Lors que
Jesus pleura
S. Iean
11. v.35.
36.
sur le tombeau de son ami
Lazare , les
Juifs commencérent à dire ,
Voiez comme
il l'aimoit , & quand nous pleurerons
la misére de
Joseph, & que nous lamenterons
la ruïne de
Jerusalem, nous donnerons
clairement à connoître l'amour
[que] que nous avons pour Dieu , puisque
nous participerons aux douleurs de son
épouse , de l'Eglise qu'il a épousée en
ses grandes & éternelles compassions.
O Chrétien ? si ton cœur n'est embrasé
de quelque étincelle de cét amour, c'est
I. Ep. de
S. Iean
ch. 2.15.
parce que tu aimes le monde, Or
si
quelcun aime le monde,l'amour du Pere n'est
point en lui . L'amour du monde & l'amour
de soi-même, sont l'ivraïe qui tuë
& empêche de croître le bon grain de
l'amour de Dieu. C'est une maudite
zizanie qui étoufe cette bonne semence ;
ce sont deux oiseaux de rapine qui
l'emportent & qui la viennent manger.
Ces deux sortes d'amour, je veux dire,
l'amour que nous avons pour le monde
& celui que nous avons pour nous sont
tout à fait contraires à l'amour que
nous devons avoir pour Dieu ; renonçons
y donc tout de bon
M. F. & consacrons
à Dieu entiérement toutes nos
afections. Autrement nous serions indignes
de brûler d'une si sainte flamme,
& d'être possedez d'une si noble
possion.
Plût à Dieu
M. T. C. F. que nous
reçussions maintenant quelque petite
[étin-]
étincelle de ce feu céleste ! Je m'assure
que nous serions bien-tôt transformez
en l'image de Dieu. Divin Jesus ! nous
te demandons ton amour? & rien plus:
cette seule grace nous sufit.
Vous avez été élus , vous avez été
apellez.
Pourtant, fréres , étudiez-vous
2. Ep. de
S. Pier. I.
v. 10
à afermir vôtre vocation & élection par
bonnes œuvres . Autrefois les Israëlites
reconnoissoient par leur Circoncision,
par leur naissance , aussi bien que
par les autres dispositions qu'ils voioient
en eux , que Dieu les avoit élus,
afin qu'ils fussent son peuple & qu'ils
eussent part à son aliance ; & si vous
trouvez, fidéles, que vous soiez circoncis
de
la circoncision faite sans main , &
Col. 2. 11.
que vous aiez
dépouïllé le corps des péchez
de la chair , ne doutez pas que vous
n'aiez part à son élection gratuite , &
qu'il ne vous ait mis au rang de ses enfans.
Les bonnes œuvres sont les marques
de nôtre adoption , les témoignages
de nôtre élection , & les preuves
certaines de nôtre foi ; & delà passans
encore plus avant , tirez en une preuve
infaillible de vôtre perséverance , car
[Dieu]
Hebr. 13.
v. 5.
Dieu n'
abandonne jamais ses élus , &
aiant commencé en eux l'œuvre de sa
grace,il ne la laisse point imparfaite.Les
Elus ne peuvent être séduits, dit nôtre Seigneur
Luc 22.
v.32.
dans l'Evangile , il prie sans cesse
pour eux , afin que leur foi ne défaille point .
Ils sont des arbres toujours verts dans le
Jardin de l'Eternel , le feu de la persécution
ne les sauroit flêtrir, la foudre ni
les vents de la tentation ne les sauroient
abatre. Ils sont comme cét
homme prudent de l'Evangile qui a
bâti sa maison sur la roche , contre laquelle
les torrens ont heurté , & les
vents ont souflé , & qui pourtant est demeurée
ferme contre l'orage.
Toutes
choses aident en bien à ceux qui, &c.
Ha ! que ces paroles sont belles !
Ha ! qu'elles sont douces ! Ha ! qu'elles
sont consolantes ! sur tout dans ce
tems calamiteux & déplorable auquel
nous vivons. Autrefois dans la ville
d'Athenes on fit mourir les amis de
Phocion, parce qu'ils étoient ses amis,
de même aujourd'hui le monde nous
persécute , parce que nous sommes les
amis de Dieu. On suit l'Eglise à la trace
[de]
de son sang ; on l'entend aux cris qu'elle
jette ; on la voit à la lumiére des
bûchers. Mais , ô énemis de nôtre
Christianisme ? ô persécuteurs des
Chrétiens?
Les pensées de Dieu ne sont
Esa. 55.
pas vos pensées , ni les voies ne sont pas vos
voies .
Vous l'avez pensé à mal , mais Dieu
Gen. 5.
v.20.
le tournera à nôtre bien . A travers la haine
que vous avez pour nous , Dieu fera
paroître l'amour qu'ils nous porte.
Nous ressemblerons à des
Palmes , plus
vous tâcherez de nous abaisser , & plus
nous nous éléverons. L'Eglise froissée
épandra sa bonne odeur. L'Eglise
émondée portera plus de fruit. L'Eglise
mise dans la fournaise déviendra
plus luisante. L'Eglise labourée recevra
la benédiction du Ciel,le sang des
Martirs la cimentera , & leurs cendres lui
serviront de semence. La lumiére de
l'Evangile éclatera davantage par les
suplices & les soufrances des Chrétiens.
Le nombre des fidéles augmentera
par cette voie au lieu de diminuër,
ils multiplieront en mourant , & plus
on en abatra , & plus il en naîtra dans
le monde.
[Lors] Lors que Dieu retira les Israëlites de
la captivité d'Egypte ; les Géographes remarquent
qu'il les pouvoit conduire &
les faire entrer dans la terre promise
par un chemin beaucoup plus court
que celui du désert. N'importe, ô fidéles !
ô Israëlites spirituels ! quelle route
vous teniez, pourvû que vôtre chemin
vous conduise dans la Canaan céleste.
Act.14.
v.22.
C'est par plusieurs tribulations qu'il
nous faut entrer au Roiaume de Dieu . C'est
par cette voie que Dieu améne plusieurs
enfans à Gloire. Vous qui dans
la rigueur de vos maux & dans le poids
de l'afliction qui vous acable , murmurez
en vous mêmes , de ce qu'il ne semble
pas que Dieu éxauce vos priéres,
puisque vos aflictions continuënt toujours
d'un même train , aprenez maintenant
à avoir des sentimens non pas
d'impatience,mais d'humilité chrétienne ;
Gen. 25.
v.22.
à dire non pas avec Rebecca
si ainsi
est , pourquoi suis-je ? Mais avec Jesus-
Christ , il est
ainsi ô Pere , parce que tel a
S. Matt.
II.25.26.
été ton bon plaisir . Confiez-vous en Dieu,
il ne vous a pas mis en poste pour vous
2. Sam.
II.15.
perdre comme
David fit
Urie , de quelque
[que] maniére qu'il en agisse, il n'a point
d'autre but que de vous sauver. Comme
un Pére n'ôte à ses enfans les confitures
& les dragées , & un Médecin
ne défend à ses malades le vin & les
épiceries, que parce qu'il voit que ces
choses nuiroient à leur santé, ainsi Dieu
ne vous refuse les grandeurs & les voluptez
de la terre , que parce qu'elles se
trouvent incompatibles avec les véritables
biens ,
assavoir avec la pieté & le
salut.
Réjouïssez-vous toujours, Fidéles, &
Phil. 4.
v. 4.
je vous dis encore une fois, réjouïssez-vous , toutes choses vous tourneront à bien . Ces
aflictions dont Dieu vous visite sont
des épines , desquelles il se sert , non
pas pour vous en froisser comme Gedeon
Iug. 8.
v.16.
froissa les hommes de Succoth
avec des épines du désert , mais pour
vous en environner , afin que les séducteurs
du monde ne vous gâtent , que
les brutales afections ne vous broutent,
& que vous ne soiez foulez par les plaisirs
& les voluptez de la chair.
Renonçons M. F. à toutes nos mauvaises
Tit. 2.12.
inclinations , disons adieu au monde,
que le péché ne régne point en nos corps
Rom. 6.
v.12.
[ mor- ]
mortels pour lui obéïr en ses convoitises , si
nous voulons que les aflictions nous
2. Cor. 2.
v.15.16.
soient utiles & avantageuses.
Aux pécheurs
impenitens elles sont odeur de mort
à mort comme à ceux qui perissent , mais
aux fidéles odeur de vie à vie comme à
1. Cor.15.
v.56.
ceux qui sont sauvez :
L'aiguillon de la
mort, dit S.Paul, c'est le peché ; l'aiguillon
des aflictions, disons-nous, c'est le vice.
C'est delà que ces
verges se changent
en
serpens , qu'elles nous sont nuisibles
& pernicieuses , & qu'elles deviennent
les instrumens de nôtre ruïne & de nôtre
mort. Courage donc , ô bien-heureux
athlétes du Seigneur ! suportons-
S. Luc
21.v.19.
les courageusement ,
possedons nos ames
par nôtre patience ; de
Benoni , d'enfans
de douleur que nous sommes maintenant ,
soions assurez que Dieu nous fera
des
Barnabas des enfans de consolation,
& qu'un jour par la force de son esprit
il nous rendra des
Benjamins , des enfans
de sa dextre. Au nom de Dieu,
M. F.que cett'assurance vous serve comme
d'un ancre ferme contre tous les
flots & toutes les ataques du monde ;
d'une cuirasse d'airain & de fer ; & d'un
[bou-] bouclier par lequel vous éteignez tous
Eph. 6.
v.16.
les dards enflamez de vôtre Adversaire .
Qu'elle anime vôtre courage , qu'elle
augmente vôtre joie , qu'elle redouble
vos forces pour soutenir les plus furieux
assauts & les plus violentes tentations.
Qu'elle soit enfin le bâton qui soutienne
vos ames languissantes , l'épée qui
reléve vos confiances abatuës, le trésor
de vos ames & l'armure de vôtre combat ;
jusqu'à ce que vous passiez de la
terre au Ciel , du siécle dans l'éternité,
du premier monde dans le second , &
de cette valée des larmes & des miséres
au comble de la gloire & de la félicité ,
là où nous rendrons au Pére , au
Fils & au S. Esprit , à ces trois Personnes
de la trés-Sainte & Adorable Trinité ,
un seul
Dieu benit à jamais , qui
Rom. 9.
v.5.
aura fait reüssir
toutes choses à sa gloire
& à nôtre salut ,
l'honneur , la gloire ,
I. Tim.I.
v.27.
l'empire & la magnificence qui lui est
duë. Dieu nous en fasse la grace.
Amen.
FIN.