DE
L'UTILITÉ
DES
AFFLICTIONS,
Ou Sermon sur Rom. 8. vers. 27.
Or nous savons aussi que toutes choses aident
ensemble en bien à ceux qui aiment
Dieu .
SIRE
DANS l'Histoire des Saints, de
qui le St. Esprit nous a apris la
conduite & la vie, on ne trouve
rien de plus singulier, que la
maniére dont Jacob enleva à
son Pére la bénédiction qu'il destinoit à
Esaü son Fils aîné. On y voit une sainte
Femme enseigner la ruse & la supercherie,
& se charger des suites d'une malédiction
formidable. On y voit Jacob, non
pas petit enfant, mais à l'âge de 60. ans
pour le moins, imposer, par une dissimulation
continuée, aux yeux affoiblis de son Pére.
Et nonobstant toutes ces irrégularités,
on le voit remporter la prééminence
de la bénédiction de Dieu, & d'une bénédiction
irrévocable.
Ce grand & rare événement, M.F.,
est une espèce de croix & de torture aux
Théologiens anciens & modernes. Les
uns ont dit sans façon qu'il y avoit du
mensonge & du péché. Cet aveu sincère
augmente la difficulté : Dieu auroit-il
voulu récompenser des crimes ? D'autres
ont cru qu'il n'y avoit point de mensonge,
& qu'en effet Esaü avoit substitué
Jacob à sa place par le transport qu'il lui
fit de son droit d'aînesse. Cette raison
pourroit passer, si Jacob s'étoit contenté
de dire qu'il étoit le Fils aîné : mais le
déguisement de son habit & son discours
vont à mon avis trop loin, pour pouvoir
justifier par cette seule raison toute sa conduite.
D'autres enfin ont voulu mettre
tout à couvert sous l'ombre des Allégories
& des Types. Mais si cette méthode étoit
suffisante & recevable, quel crime ne
pourroit-on pas excuser avec le secours
des figures & des mystères ?
Quel parti prendre ? Arrêtons-nous à
ce qu'il y a de clair & d'incontestable.
On y trouve un amour & une ardeur
sans bornes pour ravir les bénédictions
de Dieu ; cela est bon : Esaü avoit méprisé
son droit d'aînesse, il en perdit les
prérogatives, malgré l'inclination de son
Pére, fondée peut-être sur des raisons
humaines & frivoles. Pour la conduite
de Dieu, elle a ses profondeurs que nous
ne saurions sonder. Nous y apercevons
un excès de miséricorde au delà des régles
ordinaires, si j'ose m'exprimer ainsi,
sur quoi nous ne devons pas compter, puisque
c'est une maxime invariable de l'Evangile,
(I) qu'il ne faut pas mal faire afin
qu'il en arrive du bien. Disons donc que
cette Histoire a ses clartés & ses ténèbres.
Ne considérons les ombres de ce tableau
que pour en rehausser l'éclat &
la lumiére. Peu s'en faut que je n'aplique
à la Mére du Patriarche , ce qui est
écrit de la Pénitente dans l'Evangile,
(2) elle a beaucoup aimé , c'est pourquoi ses
péchés lui sont pardonnés. Mais j'aime
mieux , sans garantir d'irrégularité toutes
les circonstances de cette histoire, me
contenter de vous la proposer comme
le corps d'un emblême, dont les paroles
que je vous ai lues seront la devise
& le mot ; Toutes choses aident ensemble
en bien à ceux qui aiment Dieu .
Pour entrer dans la pensée de S. Paul,
& connoître au juste l'usage qu'il fait de
ces paroles , vous pouvez facilement remarquer
de vous-mêmes, que dès le
Ꝟ.
17. de ce Chap. l'Apôtre parle des afflictions
au sujet de la conformité que nous
devons avoir avec Jesus-Christ. Il employe
deux puissantes raisons pour consoler
les Chrétiens, & pour les animer
à faire leur devoir au milieu de leurs
souffrances & des tentations de ce monde.
L'une est, que dans ces momens
d'angoisses, qui troublent nos ames,
l'Esprit
prie pour nous par des soupirs qui ne
se peuvent exprimer ; L'autre que
toutes
choses concourent au salut de ceux qui
aiment Dieu . Heureuse vérité, qui seule
peut faire ici bas la joye de nos cœurs !
Pour la méditer avec ordre, il faut vous
dire quelque chose de la Providence , &
vous parler ensuite du soin qu'elle prend
de ceux qui aiment Dieu , dans la direction
des événemens ; Dieu veuille faire
servir cette Méditation à imprimer
son amour dans nos cœurs , afin que
nous puissions nous assurer que tous les
accidens de la vie serviront à notre salut ,
Amen.
I. PARTIE.
La Providence est sans contredit une
vérité qui frape les sens, & qui n'exige
de l'homme aucun effort de crédulité
pour la recevoir. Quoi qu'on puisse dire
des loix du mouvement, & d'un systême
de méchanique , pour peu qu'on
apporte d'attention à l'examen de l'Univers
& des créatures qui le composent ,
le bon sens se trouve porté à reconnoître
un souverain Directeur de la machine
du monde, & contraint d'admirer sa
sagesse & son pouvoir. Le Psalmiste dit,
(I) que Dieu a posé les fondemens de
cette sagesse & de ses loüanges dans la bouche
des petites enfans. En effet, comme
il ne faut pas être Philosophe pour conclure
à la vue d'un édifice, que les escaliers
sont faits pour monter aux appartemens,
les portes pour entrer dans les
chambres, les fenêtres pour y admettre
la clarté du jour : il ne faut pas aussi
plus d'effort pour appercevoir dans la
structure du corps d'un animal l'usage de
ses organes, pour reconnoître que l'œil a
été fait pour voir , les oreilles pour ouïr
& les pieds pour marcher. Tout est égal :
& je ne comprens pas comment ceux
qui reconnoissent dans les commodités
d'une maison l'esprit & l'intention de
l'Architecte, osent se retrancher dans une
ignorance affectée lorsqu'il s'agit de ce
monde, plutôt que d'admettre un premier
Être sage & intelligent, un Créateur
& un Maître de l'Univers, qui s'est
proposé un dessein dans la formation des
créatures, comme l'a reconnu l'Auteur
du Pseaume CIV. qui contient l'éloge
de la Providence. Examinons encore cette
comparaison : une porte s'ouvre, parce
qu'elle est posée sur ses gonds, nôtre
œil tourne de tous côtés, parce qu'il
est attaché à des muscles qui le font mouvoir ;
voilà ce que la méchanique peut
dire. Mais comme une porte ne s'ouvre
que pour donner entrée dans la maison
selon le dessein de l'Architecte, de
même aussi toute la structure de l'œil n'a
été faite manifestement que pour nous
faire appercevoir les objets qui le frappent,
suivant l'intention du Créateur.
Vouloir révoquer en doute le dessein de
celui qui a formé l'œil, c'est tomber dans
la même extravagance d'un homme,
qui voudroit douter de l'intention d'un
Architecte , dans la construction d'un
Palais. Insensés, dit le St. Esprit,
(I) celui qui a formé l'œil & l'oreille ne
verroit-il point & n'entendroit-il pas ?
Ces deux mots terrassent l'impiété. Ne
soyons donc pas surpris d'ouïr S. Paul
(I) nous dire , que nous avons en Dieu
l'être ,
la vie , & le mouvement ; puisque
sans parler de notre ame formée à l'image
de Dieu, toute la machine de notre
corps, composée pour divers usages qui
lui sont propres , nous crie que nous
sommes l'ouvrage d'un puissant & sage
Créateur.
C'est en vain que le libertin attaque
la Providence par des questions curieuses ;
pourquoi tant d'astres dans les Cieux ?
Pourquoi tant d'insectes inutiles sur la
terre ? A quoi bon faire tomber les foudres
& les pluyes sur les rochers & sur
l'Océan ? Est-ce donc que nous sommes
entrés dans le conseil secret de Dieu,
lorsqu'il formoit le plan des créatures ,
pour être obligés de rendre raison de
tous ses ouvrages ? Sans quoi on se croit
en droit de tirer de notre ignorance ,
des conclusions injurieuses à la sagesse
du Tout-puissant.
Quoi donc ? parce que Dieu ne fait
point de miracles, ne renverse pas les loix
de la nature pour empêcher les foudres &
pluyes de tomber inutilement dans l'Océan
ou dans les déserts, ou parce que nous
ne connoissons pas l'usage de cette variété
infinie de créatures, dont les moindres
suffisent pour occuper notre méditation,
faudra-t-il s'imaginer que cette vaste &
incompréhensible étendue de l'Univers,
n'ait qu'un aveugle hazard pour règle
de sa conduite, lorsque la considération
de notre propre corps & le sentiment de
nous mêmes, contraint le bon sens de reconnoître
la sagesse de celui qui nous a
formés ? N'est-il pas beaucoup plus raisonnable
de conclure, que les organes du
corps humain étant nécessairement figurés
de la maniere qu'il faut, pour exercer
les diverses fonctions de la vie, le
premier Architecte de ce corps a eu ses
vues & ses desseins ? Cela nous suffit ;
car si l'intelligence du premier principe se
fait remarquer si sensiblement dans la
construction du corps humain, il y a de
toute nécessité de la sagesse, de la connoissance
& de l'intention, dans l'Auteur
Souverain de l'Univers.
Joignons la Providence par cet argument
démonstratif : Si le Créateur de
l'Univers a formé le monde suivant ses
vues & ses desseins, il faut nécessairement
qu'il l'entretienne pour l'accomplissement
de la fin qu'il s'est proposée : Et voilà
la Providence que la Religion enseigne,
à la considerer dans une vue générale
qui s'étend à toutes les Créatures.
Mais puisque l'homme, préférablement
à tous les êtres corporels, a reçu du Créateur
un Esprit pour le connoître, pour
l'adorer & pour le servir , on ne sauroit
douter que la Providence n'ait des vues
particulieres à l'égard de ces créatures
libres & raisonnables : Et comme nous
ne voulons pas nous dissiper dans le lieu
commun de la Providence, nous suivrons
de près nôtre Apôtre, & nous examinerons
la direction des événemens par rapport
à ceux qui aiment Dieu. Toutes
choses, dit-il, aident ensemble en bien à
ceux qui aiment Dieu .
Pour bien comprendre sa pensée, il
faut raporter ici la Thése générale de cette
Epître , que l'Apôtre pose en termes
formels au
vers. 27. de ce Chapitre ;
c'est qu'
étant les Enfans de Dieu, nous
sommes par conséquent héritiers de ses
biens & cohéritiers de Christ, lors même
que nous souffrons avec lui ; parce que si
nous souffrons à cause de l'Evangile , c'est
afin qu'après avoir été ici bas conformes
à Jesus-Christ dans les afflictions, nous
soyons aussi rendus participans de sa gloire ;
de sorte que
tout bien compté, tout
bien examiné, j'estime, dit cet Apôtre,
que les souffrances du tems présent ne sauroient
balancer ni contrepeser la gloire à
venir, qui doit être révélée en nous.
Cette Thése étoit directement opposée
à la Théologie des Juifs, qui prenant
un peu trop à la lettre les promesses de
la Loi de Moïse , s'imaginoient qu'un
homme justifié, & dans l'état de Grace ,
devoit jouir d'une vie heureuse &
paisible, dans la possession des biens de
la terre, & ils tiroient de fâcheuses conséquences
contre l'Evangile, à cause qu'elle
exposoit aux afflictions ses Sectateurs.
Cette difficulté étoit considérable & méritoit
d'être examinée à fond, ce que
St. Paul entreprit dans cette belle & divine
Epître. Le Juif prétendoit être justifié
par les cérémonies de la Loi, il
cherchoit le pardon de ses péchés dans la
repentance, je ne voudrois pas le nier,
mais principalement dans les sacrifices ,
& sur-tout dans ce grand sacrifice qu'ils
célébroient le dixiéme jour du septiéme
mois, le jour de l'Expiation, auquel S. Paul
a principalement égard dans son
Epître aux Hébreux. Comment l'Apôtre
traite-t-il ce sujet dans notre Epître ?
Il prouve que la Loi Morale, gravée
naturellement dans le cœur des hommes,
ayant été violée par les Juifs comme
par les Gentils , il étoit nécessaire
que les péchés des uns & des autres
fussent expiés par quelque sacrifice : &
comme le Sang des Taureaux & des
Boucs n'étoit pas capable d'effacer le péché,
(I) Dieu avoit ordonné de tout tems
le Sang de Jesus-Christ pour être notre
propiciatoire par la foi en son nom : De
sorte que nous sommes justifiés gratuitement
par sa grace, par la rédemption
qui est en lui. Après quoi il traite des
avantages de cette justification par la foi,
plus grands infiniment que tous les biens
de la Canaan. C'est qu'étant
justifiés
par la foi, (2) nous avons la paix avec
Dieu par notre Seigneur Jesus-Christ. Il
montre ensuite qu'on ne devoit pas abuser
de cette doctrine de la Grace, comme
prétendoient les Ennemis de l'Evangile,
qui disoient,
(3) péchons pour faire
que la grace abonde. L'Apôtre montre
au contraire, que la foi qui nous justifie
nous fait mourir & renoncer au péché,
afin de vivre dans la justice. Enfin après
avoir établi cette doctrine Evangelique,
Saint Paul met en opposition le méchant
sous la servitude du Péché, quelque douce
& heureuse que sa condition paroisse
aux yeux du monde, avec un homme
justifié par la foi, quelque triste que son
état paroisse aux yeux de la chair, à
cause des afflictions qui l'environnent,
afin de montrer les vrais avantages de la
justification, que le Juif recherchoit mal
à propos dans une prosperité temporelle.
Ces deux tableaux se trouvent dans les
Chap. 7. & 8. de
cette Epître. Faire
toujours le mal contre sa propre conscience,
ne pouvoir suivre le bien qu'on
aprouve, & qu'on desire, être vendu au
péché, vivre dans l'esclavage sous ce dur
joug, porter toujours dans l'intérieur de
ses pensées un jugement contre soi-même,
vivre sous le poids accablant d'une
secrete condamnation ; toutes les fois
que la conscience se reveille, quelle
mort !
Quel corps de mort ! pour parler
avec l'Apôtre ; à quoi néanmoins les Juifs
faisoient peu d'attention, contens des
biens de la terre promise. C'étoit là un
état véritablement malheureux, incompatible
qu'il étoit avec la paix de l'ame ,
avec la paix de Dieu. C'étoient des afflictions
trop réelles, qui répandoient
leur amertume, & sur la vie présente,
& sur la vie à venir.
Mais être délivré par la foi en Jesus-Christ
de ce joug accablant de condamnation,
sentir la paix de Dieu dans son
cœur, suivre la Loi de l'esprit de vie ,
être affranchi de la Loi du péché & de
la mort, posséder son ame par sa patience,
goûter les douceurs de l'espérance
d'une immortalité bien-heureuse,
voilà les avantages de l'Evangile, que
les Juifs trouvoient peut-être trop spirituels
& trop imperceptibles. L'Apôtre
attaque ensuite la difficulté dans les formes,
& montre que si le fidéle justifié
est encore exposé aux tristes suites de la
mortalité, & aux afflictions, qui accompagnent
souvent la profession de l'Evangile ,
bien loin que ces afflictions soient
incompatibles avec la condition d'un
homme justifié, comme prétendoient les
Juifs , qu'au contraire ce sont des marques
de notre conformité avec Jesus-Christ,
& des moyens puissans sous la
direction de la Grace pour nous conduire
au salut. Nous avons voulu reprendre
le raisonnement de l'Apôtre dès son
commencement, ce qui nous a obligé
de vous donner en peu de mots l'idée
de sa Théologie dans l'Analyse de cette
Epître, afin de vous convaincre pleinement,
que par toutes ces choses , que la
Providence fait concourir au salut de ceux
qui aiment Dieu, il faut entendre les
différens états de prospérité ou d'adversité ,
mais sur-tout d'adversité ; c'étoit
l'état de la question ; c'est aussi la réfléxion
dominante dans ce beau Chapitre.
Tantôt il parle de la vanité sous le joug
de laquelle les Créatures soupirent , tantôt
il fait mention d'angoisse, de persécution,
de famine, de nudité, de péril & d'épée.
Enfin il conclut, que ni les choses présentes,
ni les accidens à venir , ne pourront
nous séparer de la dilection de Dieu, parce que
toutes ces choses concourent au bien
& au salut de ceux qui le craignent .
II. PARTIE.
La conséquence paroîtra juste & légitime,
sitôt que nous nous serons formés
quelque idée de l'amour que nous devons
avoir pour Dieu, & de la véritable nature
de cet amour. Si nous considérons
Dieu comme l'Etre tout parfait, comme
le Créateur de l'Univers, cette idée se
saisit d'abord de toutes nos pensées. Elle
remplit également nos esprits d'estime &
d'admiration & nos cœurs de respect &
d'amour, autant que nous en sommes capables.
Si nous le regardons comme l'Auteur
& le conservateur de notre vie, puisque
c'est par lui que nous vivons, c'est
aussi pour lui que nous devons vivre pour
servir à sa gloire : heureux que nous
sommes de travailler en même tems à
notre salut. Si nous méditons l'excès de
la miséricorde, dont il a usé envers nous
dans notre rédemption, nos coeurs transportés
des mouvemens d'amour & de reconnoissance ,
s'écrieront avec un grand
Roi dans le sentiment des faveurs de son
Dieu,
que rendrons-nous à l'Eternel ; (I)
tous ses bienfaits sont sur nous. Je me
contente, M. Fr., de vous indiquer ces
sources d'amour & de reconnoissance envers
Dieu, persuadé que je veux être,
qu'il suffit de vous les proposer pour
vous faire connoître & sentir vos obligations.
Pour la nature de cet amour, il seroit
inutile, M. Fr., de vous dire qu'il doit
être sincere, nous le savons tous. Mais
il est nécessaire de nous représenter souvent
que cet amour doit être unique en
son espece, qu'il doit remplir tout nostre
cœur sans partage & sans reserve ,
parce que nous devons aimer Dieu de tout
notre cœur, & de toutes nos forces , selon
le Commandement de la Loi : Nous
nous plaisons à donner à ce précepte un
sens de rigueur , avec une exactitude
métaphysique, afin de conclure que son
observation est impossible dans cette vie ,
non pour reconnoître nos infirmités ,
mais plutôt pour nous y abandonner indolemment,
& pour ne pas conserver d'une
Loi si nécessaire & si indispensable, que
l'idée & la spéculation. Je consens qu'on
avoue, comme il est très-certain, qu'aimer
Dieu sans défaut ne soit pas le partage
des saints sur la terre. Mais je sai
aussi que nous devons tous être convaincus,
qu'il faut aimer Dieu plus que le
monde , ni que toutes les choses du
monde , parce qu'il est notre Dieu,notre
Créateur & notre Rédempteur , &
qu'ayant donné son Fils pour nous, il
nous a en même tems donné le droit
d'aspirer à la possession de sa gloire.
S'il y avoit de l'embarras à choisir entre
les biens de l'ame & les biens du
corps, entre le tems présent & l'éternité,
entre cette vie, traversée de peines,
de soins importuns , toujours occupée
de l'inconstance de son état, de
l'incertitude de sa durée, & une immortalité,
comblée de gloire & de tranquilité ;
il ne faudroit pas trouver étrange
que nos cœurs fussent partagés, entre
des objets, sur le prix & sur la préférence
desquels il seroit difficile de se déterminer.
Mais comme le monde & tous
ses biens ne peuvent contrepeser cette
gloire, ce poids de gloire qui est à venir
& que nous espérons, il s'ensuit manifestement,
que l'amour de Dieu doit occuper
la premiere place dans nos ames, de
même que l'espérance des biens qui nous
sont promis, doit remplir la vaste capacité
de nos desirs.
Poussons ce raisonnement ; nous connoîtrons
sans peine, quel doit être cet
amour, que la souveraine perfection de
la Divinité, & l'excellence de ses promesses
exige de nous. Puisque nous devons
aimer Dieu plus que le monde, il
s'ensuit nécessairement, que l'amour du
monde & de ses biens, doit être entiérement
subordonné & soumis à l'amour
que nous devons à Dieu , autant que
l'esprit juge qu'une éternité de bonheur
& de gloire est préferable aux biens passagers
& à la gloire fugitive de ce monde.
Si nous raisonnons juste, nous desirerons
infiniment davantage d'être éternellement
heureux dans le Paradis de
Dieu, plutôt que de hazarder la perte de
ces biens infinis, pour la possession d'une
béatitude incertaine & trompeuse, dont
le monde repaît nos desirs. Point de
milieu, M. Fr., point de partage ; ou il
faut renoncer à l'espérance d'une éternité
bien-heureuse, & en effacer les idées,
ou elle doit être le principal attrait de
nos desirs, comme le premier ressort de
notre conduite & de nos mouvemens ;
c'est-à-dire, l'amour du monde doit ceder
à l'amour de Dieu, toutes les fois
qu'ils se trouvent en opposition. Cette
vérité est de la derniere évidence, &
d'une certitude indubitable.
Néanmoins parlons franchement, le
monde nous séduit & nous enchante, sa
gloire toujours présente à nos yeux nous
éblouit, ses biens à portée de nos sens
font de fortes impressions sur nous ; contens
du bonheur dont nous jouissons,
nous ne pensons guéres à l'avenir : De
sorte que le monde s'empare insensiblement,
ou de vive force, de nos cœurs,
sans que nous y fassions réfléxion. Comment
vit-on ordinairement dans le monde ?
Il seroit difficile de l'ignorer. On y
vit pénétrés & tout occupés de ses biens
& de ses plaisirs ; l'un se travaille uniquement
pour amasser des richesses, un
autre les dissipe dans une molle oisiveté,
dans de vains amusemens, ou dans des
plaisirs criminels. On laisse floter à toute
aventure, & au gré des Passions, l'espérance
d'une vie éternelle sur la superficie
de nos ames, sans la fixer pas la méditation,
par de fréquentes réfléxions, afin
qu'elle y produise une persuasion solide,
constante & efficace. Quelques actes exterieurs
de piété & de charité suffisent
pour nous endormir, & pour nous répondre
à nous-mêmes de la miséricorde
de Dieu & du salut qu'il nous a promis.
Par conséquent le principal devoir, la
grande affaire du Chrétien, c'est de veiller
avec soin sur son propre cœur, afin de
soumettre l'amour du monde à l'amour
de Dieu, en telle sorte que la piété &
la charité tiennent le premier lieu dans
nos ames. C'étoit la pensée de Jesus-
Christ, quand il nous dit, qu'on
ne sauroit
servir Dieu & Mammon . Dieu seul est
celui à qui nous sommes engagés par le
premier serment de fidelité. Nous sommes
à lui avant que d'être à nous-mêmes.
Nous sommes les créatures de sa bonté
& les enfans de sa grace. Tout ce qu'il
a fait pour nous , tout ce qu'il nous
promet, demande de nous notre cœur
& notre amour. C'étoit la pensée de S. Jean
quand il disoit,
(I) n'aimez point le
monde ni les choses qui sont au monde : si
quelqu'un aime le monde, l'amour du Pére
n'est pas en lui .
Enfin S. Paul explique sa pensée plus
clairement , pour aprendre à tous les
hommes ce qu'ils doivent à Dieu, dans
quelque rang où il ait plû à Dieu de les
élever,
possedez, dit-il, (2) les choses du
monde comme ne les possedant pas ; pour
nous aprendre qu'il faut user des choses
du monde, non comme d'un bien que
nous ne dûssions jamais quitter : la mort
seule, sans parler de mille autres accidens,
ne souffre pas que nous nous flattions
d'en être les propriétaires à si haut
tître. Nous n'en sommes que les œconomes
& les dispensateurs, autant qu'il
plait à Dieu de nous en laisser l'usage ,
certains que nous devons être de lui rendre
compte de notre administration.
Telle doit être, M. Fr., la disposition
d'un cœur qui aime Dieu, d'un cœur
véritablement Chrétien. L'Amour qu'on
doit à Dieu y doit triompher de l'amour
du monde. Et pour cet effet, la Providence
dirige de telle sorte les évenemens
en faveur de ceux qui l'aiment, que toutes
choses concourent à leur salut.
III PARTIE.
L'Evangile ni la piété ne permettent
pas qu'on renferme le crime & le péché
dans le nombre de ces choses que l'Apôtre
avoit en vue , quelque générale
que soit son expression. Chacun fait
au contraire que le vice éteint l'amour
de Dieu dans nos ames, & qu'il interrompt
le cours de la grace & des bénédictions
célestes. Aussi l'Apôtre ne félicite-t-il
du soin favorable de la Providence,
que ceux là seuls qui aiment Dieu.
Et quoiqu'il soit vrai de dire quelquefois
que la chûte d'un homme qui craint
Dieu sert à l'humilier, par une répentance
vive & profonde, & à la rendre
plus circonspect dans l'exercice de la piété ;
néanmoins on ne sauroit faire entrer
le péché dans le raisonnement de S. Paul
sans outrer sa pensée. Il a principalement
en vue les afflictions & la persécution ,
comme nous vous l'avons démontré.
Si je ne craignois d'être long, je
pourrois vous entretenir des utilités des
afflictions, soit qu'elles soient naturelles,
soit qu'elles soient suscitées par la profession
de l'Evangile. C'est assez de savoir
qu'il s'agit de bannir de nos cœurs
l'amour du monde, pour les remplir de
l'amour de Dieu. Qu'y a-t-il en effet de
plus efficace que les afflictions, qui arrachent
nos cœurs de ce monde ? Qu'y
a-t-il de plus utile ? jugez-en vous-mêmes.
Qu'y a-t-il de plus salutaire à un
homme qui abuse de sa santé , que le
châtiment d'une maladie qui le dompte,
& qui le contraint de reconnoître, qu'il
faut peu de chose pour troubler les plaisirs
de cette vie qui l'enchantent, & ne
lui donnent que du mépris & du dégoût
pour les douceurs de la piété ?
Ha ! que si les hommes prévoyoient
les tentations qui environnent une prospérité
mondaine & criminelle, & les
précipices où elle les conduit, ils beniroient
souvent la main de Dieu, quand
elle leur ravit ces biens trompeurs qui
leur faisoient perdre de vue la véritable
béatitude ; ils diroient avec un grand
Saint, les afflictions m'ont été favorables ;
elles m'ont retiré de l'assoupissement &
de l'égarement dans lequel la prosperité
m'avoit fait tomber. Abrégeons ces
réfléxions. Rien, sans contredit, n'est
plus propre, que les traverses de la vie,
que les idées de la mort réveillées par
les afflictions, pour mediter avec succès
sur l'instabilité de cette vie, sur la vanité
du monde, & sur le Siécle à venir, où
le tems nous entraîne avec rapidité.
Enfin, selon notre Apôtre, la persécution
concourt au salut de ceux qui craignent
Dieu, parce qu'elle est une glorieuse
épreuve de leur foi, un affermissement
de leur espérance, un illustre témoignage ,
qu'ils rendent par leur fidélité à la
gloire du nom de Dieu, à l'honneur de
sa vérité. Peut-être ne dirois-je rien de
trop, si je disois que la gloire de Dieu
brille avec plus d'éclat dans les souffrances
& dans la patience de ses Enfans, au
milieu de la persécution , qu'en aucun
endroit de l'Univers. On n'est pas surpris
de savoir que les Anges, confirmés
dans la grace, & dans la vision bienheureuse
de Dieu, le louent & le benissent
sans interruption, toujours appliqués
à l'éxécution de ses ordres : Mais
on ne sauroit penser sans étonnement &
sans admiration, qu'un homme foible &
mortel, environné de tentations, animé
de sa foi seule, & soutenu de son espérance,
demeure inébranlable dans la
fidélité qu'il doit à son Dieu, à la vue
de la mort la plus terrible & des tourmens
les plus cruels. Il faut bien croire
que la vertu de Dieu s'accomplit alors
dans ses infirmités , & que la Providence
dirige les événemens les plus tragiques ,
& les plus funestes en aparence ,
pour son bien & pour son salut. Cela
suffit pour l'explication des paroles que
nous avons lues, & pour la confirmation
de la vérité consolante qu'elles nous
aprennent. Faisons-y encore pour finir
quelques autres réfléxions.
APLICATION.
Mes Freres, il ne reste plus qu'une
preuve à considerer pour l'établissement de
cette importante vérité ; mais une preuve
ve convaincante & sans replique , qui
est fondée sur l'expérience & sur le sentiment
que nous en devons avoir. Nous
savons, dit l'Apôtre, que toutes choses aident
ensemble en bien à ceux qui aiment
Dieu . Nous savons ; comment le savoit-il ?
Jesus-Christ l'avoit enseigné ,
quand il avoit averti ceux qui croyoient
en lui, qu'il avoit aporté le feu & l'épée
sur la terre , à cause de la malice des
hommes & de la corruption de leurs
cœurs, toujours oposés à la reforme de
la vie , à la sanctification ; & quand il
les avoit exhortés à mettre leur confiance
en Dieu, sans perdre courage au milieu
des afflictions & de la persécution.
Notre Apôtre avoit apris encore dans le
Ciel où il fut ravi, que ceux que Dieu
avoit prédestinés, devoient être premiérement
rendus conformes au Fils de
Dieu, par les afflictions,
(I) parce qu'il
étoit convenable que celui, par qui sont
toutes choses, & pour qui sont toutes choses,
puisqu'il amenoit plusieurs Enfans à
la gloire, consacrât le Prince de leur salut
par les afflictions . Mais il connoissoit principalement
cette vérité par sa propre
expérience. Quel Apôtre, je vous prie,
avoit plus souffert pour l'Evangile que
S. Paul ? Qu'il sied bien à un homme exposé
à de continuels dangers & sur la
terre & sur la mer , tantôt lapidé, & toujours
persécuté, de nous dire
, nous savons
que toutes choses concourent au salut
de ceux qui craignent Dieu : ses souffrances
parlent plus haut que sa voix.
Que nous sommes heureux, Mes Chers
[Fréres,]
Fréres, si notre propre expérience ne
dément pas celle de ce grand Saint ! Il
faut vous dire présentement le dessein
que j'ai eu dans le choix d'un Texte qui
m'a obligé de vous entretenir de l'utilité
des afflictions ; c'est afin que par la raison
des contraires, je vous laissasse méditer
vous-mêmes sur les dangereux piéges
de la prospérité, & sur la nécessité
qu'il y a de veiller, & d'être toujours en
garde sur soi-même pour n'y pas tomber.
Nous avons vu que les afflictions les
plus terribles, la mort même la plus cruelle,
dirigée par la Providence, ne put
ébranler la foi ni l'espérance des premiers
Chrétiens, parce qu'ils voyoient la promesse
de la résurrection, confirmée par
les miracles qui se faisoient au nom de
Jesus-Christ ressuscité : la démonstration
étoit sans replique. Nous avons vu la
Providence établie par les lumiéres de la
Raison, par la connoissance du dessein de
Dieu dans la formation de nous-mêmes.
Quoi donc ? y a-t-il tant de profit dans
le libertinage, pour s'y abandonner, contre
le bon sens, & au hazard d'une damnation éternelle ?
Si je parlois à des personnes qui eussent
passé par le feu de la persécution , je
les prendrois à témoin de cette joye intérieure,
que produit dans une Ame fidéle
une foi éprouvée, une espérance
qu'on n'a pu ébranler , une conscience
que ni les promesses ni les menaces du
monde n'ont pu séduire. Ha ! que ce
témoignage d'une bonne conscience est
doux & avantageux pour le repos de la
vie ! que c'est une puissante consolation
contre les frayeurs de la mort !
Mais puisque je parle à un grand Roi,
& à des sujets honorés de ses bienfaits,
ou couverts de sa protection, il faut chercher
les combats de l'Eglise par un autre
endroit que par les assauts de la persécution.
Dans le langage du monde qui dit
affliction, parle de miséres, de pauvreté,
de douleurs, de maladies, & de mille autres
accidens qui traversent cette vie, &
nous tiennent toujours dans l'inquiétude
& dans la crainte.
Nous avons trouvé dans les paroles
évangéliques, que nous vous avons expliquées,
le remède à tous ces maux pour
une ame fidéle, pour un cœur véritablement
Chrétien. Mais dans le langage de
la Religion, qui s'exprime toujours avec
justesse, & parle des choses comme elles
sont en elles-mêmes, si par le mot d'affliction
on veut entendre, comme on le
doit, un état malheureux par rapport à
Dieu & à notre salut, nous n'en connoîtrons
point d'autres que les vices & les
péchés qui croupissent dans nos cœurs.
Ecoutez S. Paul dans
le premier Chapitre
de l'Epître aux Romains, il parle de
la colére qui s'est répandue du Ciel sur les
hommes, à cause de leur monstrueus idolâtrie.
Quelle en fut la peine ? Ce ne fut
ni la pauvreté ni la misére. Ces Assyriens,
ces Grecs & ces Romains, idolâtres jusqu'à
un excès ridicule & affreux, possédérent
néanmoins les Empires de la terre,
& toute la gloire de ce monde. Mais ils
furent abandonnés à eux-mêmes & à leur
sens reprouvé, & se plongérent dans toutes
sortes d'impuretés, de déréglemens &
d'abominations. Ha ! voilà sans contredit
de terribles afflictions : Ne pouvoir jamais
faire le bien qu'on voudroit, faire
toujours le mal qu'on ne voudroit pas
faire ; regarder la piété comme une vertu
également inutile & incommode, parler
des péchés & des crimes, comme de plaisirs
& de divertissemens, se rendre par sa
conduite Dieu irrité, l'éternité terrible ,
& la mort pleine de frayeurs. Voilà, M.
Fr., un état d'affliction si épouvantable,
que S. Paul, pour nous en donner une
horreur convenable, le nomme
un corps
de mort , expression à faire frémir s'il en
fût jamais. Oui, M. Fr., le péché répand
son venin sur tout ce qu'il touche, &
corrompt la prospérité, les dignités les
mieux établies. Plût à Dieu que cette
vérité imprimât dans nos cœurs la crainte
& l'aversion qu'elle y devroit produire !
Le fait-elle ? jugez-en vous-mêmes ; une
seule réfléxion nous en convaincra. N'est-il
pas vrai qu'il est facile d'apercevoir la
tristesse & l'abattement, peints dans les
yeux d'un homme de qui la fortune est
ébranlée ou renversée, & qu'on ne se méprend
guéres à rechercher la cause d'une
humeur triste & chagrine, dans la perte
de quelque bien, de quelque dignité, de
quelque ami, de quelque enfant, de
quelque protecteur, ou dans l'altération
de la santé ? Mais pour connoître si quelqu'un
est tombé par ses crimes dans la
disgrace du Ciel, dans la privation de
ses bénédictions, sans ressentir la paix de
son ame, ni les douceurs de la justification
& de l'espérance de son salut ; voilà
certainement la plus grande de toutes
les afflictions. Néanmoins il faudroit être
bon physionomiste pour découvrir à l'air
du visage ce malheureux état, ce poids
de condamnation : tant il est vrai que l'on
connoît peu les véritables afflictions, qui
doivent nous abattre & nous faire gémir,
& que nous sommes uniquement sensibles,
& par trop sensibles, à ces accidens
de la vie, quoique Dieu nous promette
de les faire servir à notre salut, si nous
vivons dans sa crainte. Craignons donc
Dieu, M. Fr., faisons notre devoir ; le
reste dépend de la Providence, qui veille
pour notre bien. Craignons Dieu, de
peur que la prospérité & les biens de ce
monde n'opérent notre condamnation.
Permettez moi, SIRE, d'assurer Votre
Majesté, que j'ai le sentiment que je dois
avoir, de l'honneur qu'elle m'a fait de
m'apeller à son service. Mais que pourrois-je
faire pour n'être pas un serviteur
inutile, si ce n'est d'entretenir dans l'ame
de Votre Majesté les idées de la Piété
Chrétienne, que vos Sujets y remarquent
avec plaisir & avec édification ? On a dit
il y a long-tems, que la Cour des grands
Princes est un lieu où le vice se retire
comme dans un asyle, où il se cache sous
un état brillant & pompeux, où l'amour
du monde entre à pleines voiles pour y
jetter l'ancre comme dans son port. C'est
là, dit-on, que la vie est toujours dans le
tumulte, la conscience dans l'agitation,
l'espérance de l'éternité dans le doute &
dans la contradiction, & le salut en danger.
J'ose me promettre de la piété de
Votre Majesté, qu'Elle ne trouvera pas
mauvais, qu'avec une liberté respectueuse,
mais chrétienne, nous y soutenions
les droits de Dieu, l'excellence & la nécessité
de la sanctification, & la préférence
qu'on doit donner à l'amour de Dieu,
sur ce dangereux amour du monde, qui
endort & séduit ceux qui lui laissent l'entrée
libre dans leurs cœurs.
Alors, SIRE, la Courronne que Dieu
a mise sur la Tête de V.M. se trouvera
toujours en bonne union & en conjonction
avec la Courone immortelle des
Cieux. Alors la gloire & la prospérité ,
qui vous environne, ne pourra alterer ni
corrompre dans votre Ame le doux sentiment
de la paix de Dieu. Puisse ce grand
Dieu bénir vos justes desseins, & nous
faire voir tous les événemens de votre
Règne dirigés par la main de la Providence,
pour sa gloire, pour votre bien,
pour le repos de vos peuples, pour le
soutiens de l'Eglise, & pour le salut commun
de nous tous ! Dieu nous en fasse la
grace, & dans cette espérance à ce grand
Dieu P. F. & Saint Esprit, un seul Dieu
béni éternellement, soit honneur & gloire
de siécles en siécles. Amen.